APRES LE VIOL…

UNE HISTOIRE BANALE, d’Audrey Estrougo – 1h22

avec Marie Denarnaud, Marie-Sohna Condé, Oumar Diaw, Renaud Astegiani

Sortie : mercredi 9 avril 2014

Je vote : 3 sur 5

L’histoire  ?

Nathalie, 30 ans, travaille comme infirmière et mène une vie simple et agréable, sortant souvent avec des  amis  d, imageet se prépare à emménager avec son compagnon qui bosse à Bruxelles et la rejoint tous les quinze jours. Le soir, où elle croise par hasard un collègue de travail, sa vie bascule…

2 raisons d’aller voir ce film ?

Avec film tourné avec une équipé bénévole et un budget dérisoire, Audrey Estrougo signe un film coup de poing sur le viol et ses conséquences. Banale, l’histoire l’est tristement au regard des chiffres comme le souligne Marie Denarnaud : « C’est l’histoire du plus grand nombre… 1 femme sur 10 en France, en 2013. » L’agresseur étant connu de la victime dans cette histoire, la réalisatrice décrit, sans pathos ni voyeurisme, comment la honte, le sentiment de culpabilité s’empare de Nathalie, la détruit psychologiquement, la conduisant à essayer de se laver de cette souillure, de faire mal  à son corps. « J‘ai voulu filmer le mal invisible qui ronge et qui détruit, donner une caisse de résonance à toutes ces fractures sourdes. J’ai eu aussi envie de taper une gueulante mais, avant tout en tant que femme et avec un regard féminin, ce qui est très difficile puisque nous les femmes, avons l’habitude de nous juger à travers le regard des hommes. Notre manière de penser est aussi influencée par la pensée de l’homme, c’est ainsi que la société est faite. Pour ce faire, j’ai décidé de traiter mon sujet de manière frontale avec sans cesse ce questionnement féminin » souligne Audrey Estrougo.

557052La cinéaste parvient à décrire les fêlures de son personnage à travers de nombreuses séquences presque banales qui ont une résonance forte : la confession de l’agression à Wilson qui ne sait que répondre, « mais, tu n’es pas le genre à te faire agresser ! »; la déposition au commissariat qui est symbolique de ce que subissent souvent les femmes agressées; le regard des mecs… Le tout n’est pas dénué d’humour et d’émotion. C’est la scène où Nathalie et Sohna, la sœur de Wilson, « rejouent » le viol ou celle où un jeune homme aborde Nathalie dans un parc. Tout cela donne du sens et une infinie humanité à cette histoire si dure.

On ne peut enfin que saluer l’interprétation de Marie Denarnaud qui parvient à exprimer tous les états d’âme de Nathalie, une jeune femme joyeuse dont la vie est, soudain, brisée par cette agression. Commentaires de l’actrice : « Le film est une tentative de lever ce couvercle et d’observer le retour à la lumière, la reconstruction de l’individu. C’est aussi un film sur le bouleversement, sur la lutte, sur la circulation du désir et ses frontières, sur les rapports hommes-femmes dans notre société, comment la sexualité régie nos rapports… et ce que ses dérapages provoquent. »
Avec une image forte, celle où, dénudée, Nathalie prête sa voix à toutes les victimes d’agression. Un film fort et intelligent qu’il faut découvrir par cette mise à nu de la psychologie d’une des nombreuses victimes et  qui ne peut que nous interpeller.

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