SUNEUNG – Bande-annonce VO par CoteCine
SUNEUNG, de Shin Su-Won – 1h47
Avec David Lee, Kim Kkob-bi, Yujin Taylor, Sung June, Cho Sung-Ha
Sortie : mercredi 9 avril 2014
Je vote : 3 sur 5
Yujin, élève de terminale promis à un grand avenir, est retrouvé assassiné. Très rapidement, les soupçons se portent sur June, l’un de ses camarades de classe. Mais en remontant le fil des événements, c’est un univers d’ultra-compétition et de brutalité qui se fait jour au sein de ce lycée d’élite, où la réussite au « Suneung », l’examen final qui conditionne l’entrée des élèves dans les meilleures universités, est une obsession. Pour être parmi les premiers, certains sont prêts à tout, et même au pire…
Et alors ?
« Ce film est dédié aux jeunes qui décrochent en raison de la nature compétitive du système scolaire coréen. Les plus forts survivent et les faibles
tombent dans l’oubli. Cela fait des années que ce système conduit les élèves à l’épuisement physique et moral. Comme j’ai été enseignante, je voulais remettre en question la pertinence d’un tel système en faisant ce film » souligne la cinéaste. Ayant elle-même enseigné dix années durant, elle connaît bien le système qu’elle dénonce. De fait, en Corée cette concurrence forcenée provoque des ravages chez les adolescents et est la cause principale du taux de suicide le plus élevé dans le monde dans cette couche de population.
L’histoire est portée par un casting de jeunes acteurs impeccables qui parviennent à se glisser dans cet univers conformiste et austère où, derrière les apparences, c’est le règne de la violence, de l’espionnage informatique et de la construction d’un monde parallèle numérique. Avec notamment David Lee, découvert dans Poetry à Cannes en 2010, et Sung June, ancien mannequin qui a participé à de nombreuses séries dans son pays.
Pour dénoncer ce système, la cinéaste a joué astucieusement la carte du thriller en jouant à brouiller les pistes, à jouer sur les retours en arrière afin de placer le spectateur au sein d’une machination terrible. Elle explique ainsi ce choix : « J’ai pensé que la meilleure manière de raconter cette histoire et de sensibiliser le public jeune auquel il s’adresse était de la présenter sous forme de thriller, de film de genre en quelque chose, et j’en assume pleinement les excès. Je voulais me concentrer sur l’innocence de June et la perversité de son environnement, du système qui le conduit en enfer. » Elle utilise très bien le cadre de cette université, hier propriété de la police et centre de détention qui permet à ces jeunes de trouver des terrains secrets pour des jeux pouvant conduire à la mort. Et même quand elle filme la nature, bordée par le béton des villes, c’est pour mieux déterminer un cadre oppressant à souhait. Avec, comme symbole de cette pertes de repères, la chasse au lapin blanc au cœur de la forêt. Enfin, elle évite, notamment dans la séquence finale, des effets spectaculaires, en faisant plutôt appel à notre imagination, ce qui rend encore plus lourd le climat de ce thriller bien mené et qui décrit parfaitement les ravages de cette forme d’éducation par l’excellence.
Malgré certaines séquences un peu redondantes -le film aurait gagné à être plus court pour garder toute sa puissance- ce récit a tout pour susciter réflexion et débat.


