JOAQUIN PHOENIX, L’ACTEUR QUI NE S’AIME PAS

051387A l’affiche de Her, le nouveau film de Spike Jonze, qui sort le 19 mars 2014,  Joaquin Phoenix réussit une fois encore à surprendre. Un comédien qui, de film en film, réussit la gageure de se dépasser.

En quatre films, Spike Jonze a exploré bien des pistes depuis Dans la peau de John Malkovitch,  plongée dans les méandres de l’esprit. L’homme n’aime guère se répéter et a pris son temps pour signer ensuite Adaptation et Max et les maximonstres. Avec Her, il explore d’autres rivages en racontant l’étrange histoire de Theodore Twombly, un homme qui tombe en amour pour la voix d’un programme informatique ultramoderne. Une romance virtuelle qui permet au comédien de prouver son talent en jouant un mec brisé par le souvenir -et les images- d’un amour enfui et qui trouve une raison de survivre en se noyant dans les nouvelles technologies. A près de 40 ans, Joaquin Phoenix surprend encore, lui qui s’affirme comme un comédien des plus exigeants et des plus durs avec lui-même.


De fait, même s’il a déjà dans sa filmographie des œuvres comme Prêt à tout, de Gus Van Sant, en 1995), Gladiator, de Ridley Scott; quatre films sous la direction de l’inventif James Gray, dont La nuit nous appartient ou encore Walk the line, où il se glissait avec superbe dans le costume noir de Johnny Cash, Joaquin Phoenix est le spectateur le plus dur envers lui, et le dit sans ambages : « Je souhaiterais tant refaire ces films, il y a tellement d’endroit où j’ai merdé, où je sais que la prochaine fois, j’aurai vraiment la possibilité de m’améliorer. » Une franchise assez rare dans le milieu réputé pour son sens du paraître et l’auto-promotion bien envoyée…

19759489Pas étonnant alors que l’idée de tout plaquer lui ai parfois traversé l’esprit. Mieux, il en a fait le sujet central d’un film ovni, signé par son beau-frère, le comédien et réalisateur Casey Affleck. Dans I’m Still Here, en 2010 (ci-contre), il débarquait avec des kilos en plus, hirsute, barbe fournie, défoncé,  dans ce faux documentaire … où il annonçait sa retraite pour se lancer dans sa nouvelle carrière musicale comme artiste de hip-hop. Un humour ravageur qui en a déstabilisé plus d’un dans l’univers politiquement correct d’Hollywood. Il revient sur l’aventure et lance : « J’avais envie d’exprimer une réalité simple. Lorsque vous êtes sportif, on s’attend à ce que vous preniez votre retraite, et on le comprend d’autant mieux si vous le faites au sommet de votre gloire. Ce n’est pas acceptable pour un comédien. Ce qui en dit long sur le système où nous évoluons et notre valeur marchande. » Avec ce drôle d’objet, le comédien montrait de belle manière comment le métier de comédien avait des similitudes avec celui d’un pantin!  On comprend que certains aient eu du mal à comprendre…

Pas étonnant que cet aventurier du jeu ait accepté de jouer dans Her, une forme d’histoire d’anticipation qui décrit les derniers vestiges du contact humain dans un monde dominé par le numérique, les réseaux sociaux… L’envoûtement  de Theodore par la voix de Samantha -un beau rôle virtuel pour Scarlet Johansson- permet à Phoenix de montrer la palette de son jeu. Un artiste vraiment singulier qui se méfie des trompettes de la renomée et de la médiatisation à tout crin. Et de conclure  : « Selon moi, il ne faut jamais penser au public sur un plateau. On ne joue pas pour quelqu’un mais avec ses partenaires. » Joaquin Phoenix est vraiment un artiste au parcours singulier.

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