SON EPOUSE, de Michel Spinosa – 1h47
Avec Yvan Attal, Janagi, Charlotte Gainsbourg
Sortie : mercredi 12 mars 2014
Je vote : 3 sur 5
Gracie, jeune Tamoule vivant près de Madras, est victime de troubles du comportement depuis le jour de ses noces : le souvenir de son amie Catherine, disparue dans des circonstances troubles, hante la jeune fille. Joseph, le veuf, époux inconsolé de Catherine, décide de se rendre en Inde pour rencontrer Gracie et, peut-être, au cours de ce voyage, réparer ses erreurs passées…
Y aller ?
Michel Spinoza a choisi l’Inde pour cadre de ce film avec le deuil comme thème central mais qui évoque aussi un couple en crise, l’addiction à la drogue et une forme de mysticisme obscur et de possession. Il a eu l’idée du scénario après un séjour dans le sud du pays et raconte : « De retour en France, je me suis souvenu que des poètes comme Henri Michaux, et des psychanalystes, à commencer par Freud, ont travaillé ce thème : le deuil et la toxicomanie sont aussi des formes de
possession. La possession m’intéressait non pas comme un phénomène folklorique ou fantastique, mais davantage comme une métaphore, une métaphore du deuil : être endeuillé, c’est être en quelque sorte possédé par l’être disparu, par l’être aimé. »
Pour ce faire, il joue sur différentes époques, qu’il télescope sans se priver d’ellipse, ce qui peut dérouter un spectateur peu attentif. Yvan Attal parvient bien à exprimer tout le désarroi d’un homme qui file en Inde pour racheter son comportement auprès de son épouse, pour croiser les gens qui ont croisé son chemin. Au terme de ce séjour, il n’est pas sûr qu’il trouve toutes les réponses à ses questions. En revanche, on a le sentiment que débarquer dans ce pays immense et mystérieux lui permet de faire la paix avec lui-même.
Indéniablement, ce récit est porté par un vrai couple et Yvan comme Charlotte Gainsbourg vont loin dans l’expression des chocs amoureux, de la passion, voire de sentiments qui confinent à la cruauté. « Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas travaillé ensemble, ils en avaient envie tous les deux, ils avaient des scènes intenses à jouer, et leur complicité a permis d’aller très vite très loin » souligne Michel Spinosa.Jeune actrice qui n’avait jamais tourné auparavant, Janagi surprend pas l’intensité de son jeu, et ces moments où son personnage bascule dans la possession.
On sent la fascination du cinéaste pour ce pays qu’il montre avec des couleurs chaudes contrastant avec les couleurs froides, l’univers bleu de la France où ils vivent. Il n’évite pas pour autant certains pièges sur ce pays comme l’inévitable portrait un peu caricatural des européens qui s’y livrent à des trafics de drogue. Ou les séquences un peu redondantes sur la possession et les esprits, si présents en Inde. Ce sont les seules limites d’une histoire très bien jouée et qui décrit bien les blessures d’une histoire amoureuse pas banale.


