LA VRAIE HISTOIRE DE « MARY POPPINS »

DANS L’OMBRE DE MARY, LA PROMESSE DE WALT DISNEY, de John Lee Hancock  – 2h00

Avec Emma Thompson, Tom Hanks, Colin Farrell, Paul Giamatti, Jason Schwartzman

Sortie : mercredi 5 mars 2014

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L’histoire ?

Lorsque les filles de Walt Disney le supplient d’adapter au cinéma leur livre préféré, “Mary Poppins”, celui-ci leur fait une promesse… qu’il mettra vingt ans à tenir !  Dans sa quête pour obtenir les droits d’adaptation du roman, Walt Disney se heurte  à l’auteure, Pamela Lyndon Travers, femme inflexible qui n’a aucunement l’intention de laisser son héroïne bien aimée se faire malmener par la machine hollywoodienne. Mais quand les ventes du livre commencent à se raréfier et que l’argent manque, elle accepte à contrecœur de se rendre à Los Angeles pour entendre ce que Disney a imaginé…  Au cours de deux semaines épiques en 1961, Walt Disney sort le grand jeu  pour convaincre la romancière. Armé de ses story-boards bourrés d’imagination et des chansons pleines d’entrain composées par les talentueux frères Sherman, il jette toutes ses forces dans l’offensive, mais l’ombrageuse auteure ne cède pas.  Ce n’est qu’en cherchant dans le passé de P.L. Travers, et plus particulièrement dans son enfance, qu’il va découvrir la vérité sur les fantômes qui la hantent… et s’en servir pour parvenir à tourner ce film.

SAVING MR. BANKSEt alors ?

Le grand mérite de ce film est d’évoquer un pan complètement méconnu de l’histoire de l’empire Disney et les coulisses d’un tournage qui fut plus que mouvementé. En jouant sur le flash-back avec la jeunesse de la romancière en Australie, John Lee Hancock parvient à raconter par le menu le long combat de Walt Disney pour atteindre le film de ses rêves. “Walt Disney a immédiatement perçu le potentiel du film que l’on pouvait tirer du livre, et il était prêt à tout pour en obtenir les droits.  Mon film raconte la genèse merveilleuse d’un film culte et de ses personnages, mais c’est aussi l’histoire de deux conteurs hors pair, et du chemin qu’a dû faire Walt Disney pour comprendre pourquoi P.L. Travers tenait tant à protéger son histoire, mais aussi l’image de son père, qu’elle adorait” souligne t-il.

Au fil d’un film de deux heures, mais on ne voit pas le temps passer, le cinéaste parvient à nous faire partager les angoisses créatrices de deux artistes que tout oppose et qui vivent dans deux univers diamétralement différent. A cet égard, la visite de Disneyland vaut un long discours tant le visage fermé de Pamela Travers témoigne du mépris qu’elle ressent pour cet univers cliquant et populaire. Entre eux, il y a aussi l’opposition entre le comportement ouvert des Américains et le caractère snob d’une certaine couche de la population anglaise. Et puis, il y a le lourd secret dans l’enfance de l’auteure que l’on découvre au cours de l’histoire, avec l’image de ce père fantasque et insaisissable, parfaitement campé par Colin Farrell.

La reconstitution des studios Disney restitue très bien l’atmosphère d’une époque avec les bureaux fonctionnels et colorés du maître des jeux, le ballet des secrétaires et des conseillers… On a l’impression de vraiment pénétrer dans les coulisses d’une création pas comme les autres. C’est notamment très sensible dans les séquences où les frères Sherman multiplient les essais musicaux pour convaincre l’auteure de céder aux avances cinématographiques de leur boss.

SAVING MR. BANKS

Et puis, il y a un duo de comédiens « al dente ». Dans la peau de Walt Disney, qui est pour la première fois le héros d’un film, Tom Hanks parvient à faire ressentir les désirs et les doutes d’un créateur visionnaire. Sa volonté farouche aussi. Il dit : “Dans ce film, P.L. Travers est accablée par son passé, un passé auquel elle ne peut échapper. Le souvenir de la perte de cet homme très spécial qu’était son père est source de douleur et de culpabilité. Ce n’est que lorsque Walt lui révèle qu’il a connu la même douleur à la mort de son propre père qu’elle finit par s’ouvrir.”

Quant à Emma Thompson, c’est la vraie révélation du film, tant la comédienne parvient, une fois de plus, à offrir un jeu fait de nuances et de subtilités. De séquence en séquence, elle donne des pistes nouvelles pour comprendre le caractère de cette auteure rigide, voire snob, mais qui n’est pas complètement dénuée d’humour. Commentaires de la comédienne: « P.L. avait l’impression que Disney ne faisait pas justice à son univers car il voulait le dépouiller de sa noirceur. Disney, qui avait vécu assez d’épreuves au cours de sa propre vie, tenait à créer un monde joyeux pour les enfants. L’atmosphère plutôt sombre des romans de P.L. Travers est très différente de celle du film, qui est emmené par l’extraordinaire gaieté et la vitalité de Disney et des frères Sherman. L’énergie et l’enthousiasme des Américains étaient sans commune mesure avec celle somme toute très “british” de P.L.”

En tout cas, ce film est une reconstitution passionnante et très vivante sur la genèse d’un film qui a marqué l’histoire du cinéma.

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