SE BATTRE, de Jean-Pierre Duret et Andrea Santana -1h30
Documentaire
Sortie : mercredi 5 mars 2014
Je vote : 3 sur 4
Quezako ?
Aujourd’hui, pour plus de 13 millions de Français, la vie se joue chaque mois à 50 euros près. Derrière ces statistiques, se livrent au quotidien des combats menés par des hommes et des femmes qui ont la rage de s’en sortir et les mots pour le dire. À leurs côtés, des bénévoles se donnent sans compter pour faire exister un monde plus solidaire.
SE BATTRE – Bande-annonce VF par CoteCine
Ce qui touche dans ce film ?
Les deux réalisateurs définissent l’angle de ce documentaire : « Filmer, c’est prendre soin de l’autre. Chacun de nous construit sa vie en se confrontant aux regards des autres. Si ce regard
n’existe plus, la vie s’arrête. C’est pourquoi nous voulions aussi rendre hommage au travail des bénévoles des associations d’entraide, une véritable armée de l’ombre qui, aux côtés des plus démunis, essaye de ne pas les laisser seuls. L’évidence avec laquelle certains êtres aident les autres, leur don de soi, est quelque chose d’admirable.«
Si l’on peut parfois regretter de ne pas en savoir plus sur les parcours individuels des personnages que suivent les deux réalisateurs, le portrait des gens dans le besoin quotidien et de ces bénévoles est souvent bouleversants. Car, présente mais discrète, la caméra ne sombre pas dans le clinquant mais filme au plus près de la réalité et des témoignages. Donnant à manger aux canards et aux cygnes de la rivière, Agnès dit ainsi : « Je suis exclue de tout. Je ne fais plus partie du monde qui bouge, des voitures qui avancent, des gens qui partent tôt le matin et se dépêchent de rentrer le soir, qui vont faire leurs courses en vitesse, qui choisissent ce qu’ils veulent manger, ce dont ils ont besoin…. les plaisirs qu’ils ont envie de se faire. »
Ayant lors d’un repérage choisi Givors -où l’accueil des gens et la solidarité les avaient touchés- comme cadre de ce documentaire, Jean-Pierre Duret et Andrea Santana ont filmé durant trois mois le quotidien de ces êtres déclassés mais qui restent dignes et volontaires, comme ces employés d’une ferme biologique qui s’émerveillent avec une feuille de paye de quelques 600 euros mensuels !
Paradoxalement, ce sont des petits détails qui rendent encore plus émouvants les séquences comme celle où cette ancienne cadre d’une entreprise d’édition enveloppe son chien mort dans une serviette défraichie. Ou quand on suit ce retraité qui s’occupe des installations électriques d’une famille de roms et permet aux enfants de venir se doucher chez lui. Il y a encore le portrait de ce jeune boxeur qui avance dans la vie avec la rage de s’en sortir.
Une peinture pas vraiment gaie de la France mais qui le mérite de nous contraindre à ouvrir les yeux. Car, comme le disent les réalisateurs : « Nous sommes en train d’accepter petit à petit en France l’idée d’une société à deux vitesses, entre ceux qui ont plus ou moins, et ceux qui n’ont plus. Mais être pauvre aujourd’hui chez nous, c’est aussi ne plus être entendu, ne plus être vu ou entendu, ne plus être vu ou regardé, c’est se cacher, se taire, et subir un vrai racisme social. »
D’où l’importance de défendre de tel documentaire.
