LE SENS DE L’HUMOUR, de Marilyne Canto – 1h28
Avec Marilyne Canto, Antoine Chappey, Samson Dajczman
Sortie : mercredi 26 février 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Elise vit seule avec Léo, son fils de dix ans dont le père est mort. Elle a une liaison avec Paul mais leur relation est chaotique. Elise le repousse aussi violemment qu’elle se sent attirée par lui, et les deux amants alternent moments heureux et orageux. Malgré tout, Paul et Léo font connaissance et, les jours passant, s’apprécient de plus en plus…
Ce qui touche dans cette histoire ?
Dans un précédent court-métrage, Fais de beaux rêves, Marilyne Canto montrait les blessures
psychologiques d’une femme après la mort subite de son mari. Pour son passage au long métrage, elle fait encore un chemin avec ce même thème en racontant les difficultés d’une femme, remise de son deuil, pour accepter d’aimer à nouveau. Avouant que l’histoire était en partie autobiographie, elle raconte : « J’avais envie de décrire avec exactitude ce sentiment-là parce que je le connais. Je voulais décrire de la façon la plus sincère, la plus juste, combien il est difficile d’aimer à nouveau, d’aimer encore, quand on a aimé et qu’on a souffert de perdre. Mais le film s’inspire aussi de la vie, d’évènements observés, d’éléments transposés. C’est une fiction : dans la vie, je ne suis pas conférencière et j’aime bien les Ramones. »
Dans un premier temps, elle parvient assez bien à nous faire ressentir les émotions de cette jeune qui tente de ne rien montrer d’intime, qui tente toujours de maîtriser son expression. Et qui mène une vie libre sexuellement. Comme le dit simplement la réalisatrice : « Pour elle, la chair n’est pas triste. » Il y a notamment des moments très justes avec ce compagnon qu’elle rudoie souvent et que campe avec finesse Antoine Chappey. De lui, Marilyne Canto dit : « Il dégage à la fois une réelle désinvolture et une profonde sensibilité. C’est un très bon partenaire de jeu. » Avec son fils -,Samson Dajczman, étonnant de naturel alors qu’il n’avait jamais tourné auparavant- Elise tisse aussi une relation où les choses sont dites simplement mais justement, ainsi quand il évoque ses origines juives et son envie de pratiquer les rites à une mère qui est avant tout athée et n’a pas l’air de vraiment croire à un Dieu quelconque.
Malgré la justesse de certaines scènes -l’engueulade dans les brocantes notamment- la réalisatrice ne parvient pas toujours à éviter les redites et certaines scènes convenues de la vie d’un couple. En revanche, bonne directrice d’acteur, elle sait entraîner son monde dans son sillage pour rendre émouvante l’histoire de cette femme qui s’avoue incapable d’aimer à nouveau et peut être très dure avec son entourage. « Elle n’est pas toujours aimable, mais elle est aimante. Elle peut paraître fermée ou violente. C’est qu’elle ne permet à personne et surtout pas à elle-même de voir les traces de sa souffrance. Elle lutte farouchement contre ses émotions, elle est en colère », confesse t-elle.
On connaissait le talent d’actrice de Marilyne Canto et elle le prouve haut la main dans une des séquences les plus fortes du film : celui où, chez l’anesthésiste, elle laisse perler des larmes retenues. Au final, ce film attachant offre un beau portrait de femme en mouvement et libre.


