NICOLE GARCIA : UNE CRISE DE FAMILLE SOUS CIEL D’AZUR

UN BEAU DIMANCHE, de Nicole Garcia – 1h35

Avec Louise Bourgoin, Pierre Rochefort, Dominique Sanda, Déborah François

Sortie : mercredi 5 février 2014

 3 sur 5

Quezako ?

Instituteur  remplaçant dans le sud de la France, Baptiste ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste.  Le temps du week-end de Pentecôte, il hérite de Mathias, un de ses élèves, oublié par un père négligent.  Mathias emmène Baptiste jusqu’à sa mère, Sandra, qui travaille sur une plage près de Montpellier. Entre eux, un charme opère mais, ce bonheur est de courte durée :  Sandra doit de l’argent, et elle doit se résoudre à une nouvelle fuite.  Pour l’aider Sandra, Baptiste la conduit dans sa famille… qu’il avait tout fait pour oublier.

Un beau dimanche photo 1∏les films pelleas

Y aller ?

A travers le voyage de ce trio inattendu, Nicole Garcia traite de plusieurs thèmes avec une légèreté d’écriture : les relations à l’enfance, les reniements de l’âge adulte, le choc des classes… Elle le fait sans appuyer le trait en suivant au plus près ses personnages, en creusant avec une caméra très proche les fêlures de l’âme, les névroses enfouies. Un drame familial construit en deux parties où le présent éclaire le passé dans le deuxième temps du récit quand le trio débarque dans la famille de Baptiste qui vit dans cette somptueuse propriété comme dans un ilôt isolé du monde qui l’entoure. La cinéaste confie : « Dans cette famille là, être instituteur ce n’est pas grand chose, être amoureux d’une fille comme Sandra, ça ne peut être qu’une passade.  Mais nous ne voulions pas faire des caricatures. On voulait suivre les personnages de la famille, mère, frères, sœur au plus près de leur logique sociale et de leurs sentiments réels, sans les juger, et ce quoiqu’on pense de leurs préjugés. Leur donner à eux aussi une chance de nous émouvoir. »

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Nicola Garcia baigne son histoire dans le climat de la Méditerranée et les lumières qu’elle a bien connues : elle est née à Oran où elle a passé toute son adolescence. « J’avais envie de filmer la lumière d’un Sud plus sauvage, pas vraiment touristique, un Sud où on peut rouler sans casque à mobylette.  Vers Montpellier, entre mer et étangs.   Puis l’échappée vers le Sud-ouest. Et l’arrivée dans un monde ordonné, bien peigné, celui d’une dynastie bourgeoise » souligne t-elle.

Le récit est porté par un choix équilibré des comédiens. Fille de la réalisatrice et de Jean Rochefort, Pierre Rochefort parvient à faire oublier le lourd héritage familial et sait exprimer les déchirements intérieurs de Baptiste en rupture de famille. Face à lui, Louise Bourgoin joue cette jeune femme en apparence extravertie mais qui porte la vie comme un fardeau. « Elle a accepté de durcir ses traits, de foncer sa couleur de cheveux, d’ôter une frange, d’avoir un tatouage. Elle est rayonnante, pleine de vitalité, et puis l’instant d’après, presque moins belle, un peu perdue» raconte la réalisatrice.

Enfin, il y a la joie de retrouver Dominique Sanda à la voix chaude et troublante dans le rôle de cette mère qui cache une vraie dureté sous le masque de la mère courage, heureuse de retrouver ce fils qu’elle croyait perdu. « J’ai été bouleversée par ce qu’elle apporte au film. Elle s’est abandonnée à l’émotion du rôle », note Nicole Garcia.

Un portrait de famille et des blessures de l’enfance qui ne peut que toucher au cœur.

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