Un feu d’artifice Bo Widerberg à compter du 29 janvier avec la reprise de trois films qui montrent la variété de son inspiration : Adalen 31; Le Péché suédois et Elvira Madigan.
Il a été romancier, journaliste, réalisateur, scénariste, monteur, acteur, producteur et directeur de la photographie. Né à Malmö, ville portuaire de la côté sud de la Suède, le 8 juin 1930, Bo Widerberg a connu une carrière très riche. Il a débarqué au cinéma après avoir
marqué de sa griffe la critique cinématographique en s’attaquant notamment à la statue du Commandeur de Bergman. Un recueil d’articles qui sortit en 1962 dans un recueil : Visions du cinéma suédois.
Les reprises de ces trois films restaurés permettent de mesure le talent d’un cinéaste qui , jusqu’à sa mort en mai 1997, a tenté bien des voies au cinéma et fait une œuvre forte et originale en s’inspirant des procédés de production de la Nouvelle Vague. La preuve en trois films, trois époques, présentés dans cette mini rétrospective.
1963 : Le Péché Suédois
A l’origine intitulé Le Landau, le premier film de Widerberg, rebaptisé Le Péché suédois est présenté à la Semaine de la critique à Cannes la même année. L’histoire ? En suède, dans les années 50. Britt Larsson, jeune femme, ouvrière d’usine, fait la connaissance de Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle rencontre ensuite Robban, jeune guitariste et chanteur, brouillon mais touchant, dont elle tombe enceinte. Elle décide de garder l’enfant. Ils partagent un appartement, mais leur ‘couple’ ne tient pas le choc… Le ton léger du film et le jeu absolument pas théâtral des acteurs apporte un souffle nouveau dans le cinéma suédois. Une des scènes les plus marquantes et celle où le couple écoutent de la musique classique à la bibliothèque municipale de Malmö. De fait, le cinéaste dut faire plusieurs tentatives pour que l’actrice (Inger Taube) arrive à la réplique finale en gardant la vérité du personnage, la caméra restant braquée sur elle.
1967 : Elvira Madigan
Inspiré d’un fait réel, ce drame historique se déroule en 1889. C’est l’histoire d’une passion vécue par un lieutenant de l’armée suédoise d’origine noble, le comte Sixten Sparre, a déserté pour s’enfuir avec une célèbre danseuse de corde, la belle Elvira Madigan. Par passion, chacun abandonne sa vie passée. Ils fuient bientôt leur pays pour trouver refuge dans la campagne danoise, où ils vivent un bonheur intense. Mais l’hostilité à leur liaison illégitime et la précarité de leur vie devient pesante… Deux personnages aussi connus en Suède que Bonnie et Clyde aux Etats-Unis ! Tournant avec une équipe réduite, travaillant la pellicule pour obtenir des couleurs naturelles sans écraser le Technicolor de lumières, ce drame est admirablement joué et Widerberg réussit quelques moments forts de cinéma comme celle d’un érotisme total où Elvira embrasse le lieutenant en train de se raser pour commencer une nouvelle vie.
1969 : Adalen 31
Changement de registre avec l’histoire d’une grève, filmée au plus près du vécu et qui fut inspiré de faits réels. Le cinéaste s’intéresse à la dimension humaine et installe sa caméra dans le splendeur de l’été nordique et le restitue par des couleurs fluides à la manière des Impressionnistes. Là encore, le cinéaste filme les émois sensuels sur fond de lutte de classe entre un jeune ouvrier et la fille d’un capitaliste, avec une grande finesse, dépassant le simple cadre du mélodrame.
Jusqu’à la fin de sa vie, Widerberg continuera à explorer des pistes nouvelles, notamment dans son polar, Un flic sur le toit. Une réflexion forte et intelligente sur la violence et l’ordre dans la société contemporaine.
Bref, il ne faut pas manquer les sorties de versions restaurées de ces films qui marquent la mémoire de l’amateur de cinéma et permettent de mesurer le talent de ce très grand cinéaste qui prouve, par l’exemple, que Bergman n’est pas la seule étoile du cinéma suédois, loin de là…




