
MATCH RETOUR, de Peter Segal – 1H53
Avec Robert De Niro, Sylvester Stallone, Kevin Hart, Alan Arkin, Kim Bassinger
Sortie : mercredi 22 janvier 2014
Je vote : 2 sur 5
Quezako ?
Henry « Razor » Sharp et Billy « The Kid » McDonnen sont deux boxeurs de Pittsburgh propulsés sous le feu des projecteurs grâce à leur rivalité ancestrale. Chacun a eu l’occasion de battre son adversaire à l’époque de sa gloire, mais en 1983, alors qu’ils s’apprêtaient à disputer un troisième match décisif, Razor a annoncé qu’il arrêtait la boxe et a, brutalement, mis fin à leur carrière à tous les deux. Trente ans plus tard, le promoteur de boxe Dante Slate Jr., voulant gagner beaucoup de fric , leur fait une offre : monter sur le ring pour obtenir leur revanche une bonne fois pour toutes.
Y aller ou pas ?
Peter Segal a eu l’astucieuse idée de jouer sur le passé cinématographique de ces deux poids lourds du cinéma (les Rocky pour l’un: Raging Bull pour l’autre) pour nourrir cette histoire de deux vieux briscards du ring de références et d’humour. C’est Stallone qui tape dans un quartier de viande ou De Niro qui lance « You’re talkin’ to me« . Pour remonter sur le ring, Stallone a même perdu du poids et de la masse musculaire afin de pouvoir figurer dans la même catégorie que son partenaire avec lequel il avait déjà tourné, il y a seize ans, dans Copland. Chez les deux hommes, existent bien des fêlures qui leur confèrent un côté humain, blessé. Indéniablement, Stallone réussit à se moquer de sa statue de légende. Propos du cinéaste : « J »ai longtemps discuté avec Sly avant qu’il ne nous donne son accord, et je comprends pourquoi. Quand on sait qu’il a construit le mythe de Rocky Balboa, il fallait vraiment qu’il nous fasse confiance en tournant en dérision son propre personnage ». De même, dans sa relation pataude avec son ancienne amante, campée par Kim Bassinger, il n’hésite pas à montrer ses failles. Et lui offre une des sculptures d’acier dont la confection est devenue un hobby pour le boxeur retiré et qui a désormais travaille comme soudeur sur un chantier de la ville.
Ces deux anciennes gloires du ring ont des motivations très différentes pour revenir dans la lumière. « Ces deux types ont eu des parcours radicalement différents« , note De Niro. « Mon personnage s’en est bien sorti sur le plan financier, mais il rêve encore d’avoir sa
revanche en participant à ce match ultime car il a l’impression d’avoir été floué lorsque Razor a déclaré forfait. Razor en a besoin pour des raisons financières, mais c’est vraiment le Kid qui en a envie au fond de lui ». Les deux ont aussi des blessures -physiques pour l’un, de l’âme pour les deux- ce qui leur confèrent une vraie humanité. Ce qui donne une vraie force à la comédie, ce sont aussi les second rôles et surtout Alan Arkin, très juste dans la peau du vieil entraîneur auquel Razor est resté fidèle. Jouant sur sa surdité, le vieil homme glisse quelques répliques bien senties et donne une vraie humanité à la comédie.
Pour autant, jouer sur le choc de Stallone et De Niro ne suffit pas, et même si les séquences de boxe sont très bien captées, à maintenir la pression du bout à l’autre de cette comédie. La relation entre Razor et son ex-compagne n’offre qu’un vernis romantique et, parfois, le récit se situe en équilibre entre l’analyse psychologique et la comédie pure -ainsi avec la séquence réussie du tournage du jeu vidéo où les deux héros portent une improbable combinaison d’un vert grenouille- ce qui casse le rythme et n’évite pas certaines caricatures. Comme la séquence où Stallone engloutit des œufs au petit déjeuner. Bref, on est plus à remarquer les performances -ainsi Stallone et De Niro n’ont pas été doublés pour le match- qu’à rester sous le charme d’une comédie un brin trop tranquille pour embarquer son monde et le surprendre.
