Lavilliers célèbre les artistes haïtiens

TELE

326x235_lavilliersLAVILLIERS DANS LE SOUFFLE D’HAÏTI, de Axel Charles-Messance et Bernard Lavilliers

Diffusion sur TV5 Monde, mardi 14 janvier 2014, 16h00

3 sur 4
Il a souvent chanté Haïti. Trois ans après le tremblement de terre qui a dévasté le pays, Lavilliers est revenu sur l’île pour rencontrer les artistes et voir comment, malgré la dureté de la réalité, les créateurs tentent de retrouver leur inspiration.

Dans Baron Samedi, son dernier disque (Barclay), Lavilliers évoque cet esprit de la mort et de la résurrection, cher au vaudou haïtien, pour évoquer un pays marqué par les blessures du tremblement de terre du 12 janvier 2010. « Port-au-Prince dans la poussière/ Fracassés les ministères/ Downton. Séduisant et mauvais fer/ Le diable fait ses affaires/ Downtown »  Fasciné par le vaudou, le candomblé et les rites afro-cubains, l’artiste avait déjà célèbre le lieu, déjà frappé par la misère, dans une  mélodie, Haïti Couleurs, une chanson d’amour et de mystère.

En remettant les pieds sur l’île, Bernard Lavilliers avait la volonté de rencontrer musiciens, grapheurs, sculpteurs, danseurs, cinéastes et écrivains pour voir comme ils ont repris goût à la vie et à la création et surmonté le drame survenu il y a quatre ans. Comme le note sobrement l’auteure Yannick Lahens, qui a récemment publié Guillaume et Nathalie :  « Ça a été l’Apocalypse. » Lavilliers n’a pas comme Sean Penn, mis ses bras au service d’une action humanitaire, mais il  a préféré croiser la route d’artistes parfois déjà rencontrés pour prendre le pouls d’un pays où « 85% des gens vivent sous le seuil de la pauvreté. » Et où le tremblement de terre a été comme un révélateur d’une Capture d’écran 2014-01-11 à 18.51.54situation très dure. Yannick Lahens souligne notamment : « Cela a montré la faillite de l’état, de l’économie, des élites politiques, économiques et culturelles. »

Pour autant, au gré des errances d’un atelier de rue aux échoppes des peintres du Cap, creuset de la peinture à Haïti, Lavilliers tente, en montrant la vitalité de la création locale, de donner une lueur d’espoir en montrant notamment ces peintures qui racontent traditionnellement l’histoire, et dont certaines portent les stigmates du drame survenu. A l’école de cinéma de Port-au-Prince, soutenue notamment par Francis Ford Coppola, ils croisent des apprentis réalisateurs dont certains ont saisi le tremblement de terre en direct dans des plans qui ne peuvent que bouleverser et s’interrogent sur la manière de faire de la fiction sur la réalité.

Dans cette « île surréaliste », Lavilliers ne pouvait que désirer faire une rencontre qui ne l’était pas moins : celle du président du pays, un chanteur, Michel Joseph Martelly, un personnage un brin controversé mais qui sait se montrer sous un  jour chaleureux et souligne qu’on le surnommait déjà « Président en tant qu’artiste. » Le créateur de Fortalezza, visiblement sous le charme, en profite pour défendre les artistes locaux et évoquer des aides possibles comme une bouteille lancée à la mer.

Ce voyage qui permet de découvrir des œuvres pétillantes d’imagination et des créateurs inspirés est une manière de rappeler à notre souvenir une île un brin oubliée. Pour reprendre la formule de Debray, judicieusement glissée par Lavilliers dans son carnet de route : « Ce pays a fait partie de notre histoire et pas de notre mémoire. » C’est tout l’intérêt de ce reportage au style et au ton particuliers comme Lavilliers aime en signer ponctuellement.

lavilliers-dans-le-souffle-d-haiti_51334411_1

Laisser un commentaire