LOVELACE, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman – 1h33

avec Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Sharon Stone, Robert Patric, Juno Temple

Sortie : mercredi 8 janvier 2014

Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

A la fin des années 60, Linda  Boreman étouffe au sein de sa famille que sa mère, aussi rigide que ses principes religieux, dirige d’une main de fer.  Quand cette jolie fille naïve rencontre Chuck Traynor, elle ne résiste pas à son charisme viril, quitte le domicile familial pour l’épouser.  Chuck la persuade de ses multiples talents et l’incite à se laisser filmer lors de leurs ébats. Amoureuse et soumise, elle accepte de jouer quelques scènes d’un film pornographique.  Quelques mois plus tard, en juin 1972, la sortie sur les écrans de Gorge profonde fait d’elle du jour au lendemain une star unique.

Et alors ?

Plusieurs téléfilms et films – on se souvient en 2003 de atricia Arquette, en 2003, Deeper than Deep– sont revenus sur la vie de la première star du porno, Linda Lovelace dont les prouesses buccales ont  marqué un tournant dans la vie du cinéma porno. Un film qui connut un buzz mondial.  Tourné en une semaine avec un budget de 25 000 dollars, il a rapporté plus de 600 millions de dollars de recettes. Trois décennies plus tard, ce film demeure  l’une des plus grandes réussites financières de l’Histoire du cinéma américain. L’une des originalités du film est de tenter de décrire les états psychologique de Linda à toutes les étapes de sa vie et de montrer son combat pour survivre en échappent à la férule de son mari qui la soumet d’abord à tous ses désirs et a une emprise terrible sur elle.

Reconstituant avec minutie  l’Amérique des années 70 avec les grosses bagnoles, les motels impersonnels où tout ce petit monde de l’industrie porno naissante gravite, le duo de réalisateurs a surtout soigné un casting qui, sur le papier était tout sauf aisé. Amanda Seyfried campe avec une naturel incroyable cette jeune Linda qui va connaître bien des épreuves avant de gagner sa vraie liberté et connaîtra un destin funeste -elle est morte jeune, à 53 ans en 2002. « C’était la première fois que je sortais d’un certain type de rôles. Et puis, jouer un personnage ayant existé est une grande responsabilité. Il s’agit d’une histoire de surive et il était important pour moi de bien assimiler tout ce qu’elle avait traversé car l’histoire est racontée de son point de vue » souligne l’actrice. Face à elle, Peter Sarsgaard campe parfaitement ce mari souteneur, tour à tour charmant et puis violent. Il raconte : « Elle lui était soumise. Il ne la lâchait jamais des yeux. Alors, quand elle est devenue célèbre, tant d’autres personnes ont gravité autour d’elle qu’elle a presque eu le sentiment de lui échapper d’une certaine manière. Cela a été l’occasion pour elle de créer une certaine distance entre elle et Chuck et c’est finalement ce qui lui a sauvé la vie. » Car, ce biopic montre bien, dans la séquence avec les flics interrompant une dispute conjugale violente avant de quémander un autographe et de fermer les yeux comment sa fulgurante notoriété est devenue une nouvelle prison pour la  jeune femme.

L’autre atout du récit, c’est une distribution de choc où James Franco croise Chloë Sévigny, Juno Temple. Le plus surprenant est l’apparition d’une Sharon Stone, méconnaissable en mère-la-pudeur, austère et autoritaire, qui voit sa fille lui échapper en s’embarquant dans une vie qui la dépasse. On est à cent coudées de Basic Instinct ! 

Efficace et émouvant, ce biopic carré retrace avec minutie le parcours peu ordinaire de celle qui fut, avec Marilyn Chambers, la première vraie star du cinéma porno. Il est pourtant dommage que les cinéastes aient laissé de côté dans ce récit toute l’autre facette de la vie de Lovelace qui s’engagea contre l’industrie du porno et les violences conjugales. Une partie moins spectaculaire sans doute mais tout aussi passionnante.