A CIEL OUVERT, de Mariana Otero – 1h50
Documentaire
Sortie : mercredi 8 janvier 2014
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Alysson observe son corps avec méfiance. Evanne s’étourdit jusqu’à la chute. Amina ne parvient pas à faire sortir les mots de sa bouche… À la frontière
franco-belge, existe un centre hors du commun qui prend en charge ces enfants psychiquement et socialement en difficulté. Jour après jour, les adultes essaient de comprendre l’énigme que représente chacun d’eux et inventent, au cas par cas, sans jamais rien leur imposer, des solutions qui les aideront à vivre apaisés. Au fil de leurs histoires, A ciel ouvert nous ouvre à leur vision singulière du monde.
Et alors ?
On sent qu’il a fallu bien des jours à Mariana Otero, en immersion dans ce centre de La Courtil pour en tirer tant de matières, tant de tranches de vie, tant de portraits d’enfants aussi différents qu’attachants. Et permettre de mieux comprendre ces adultes qui prêtent à ces jeunes une attention de tous les instants pour leur permettre de retrouver des repères dans la société. A travers un cours de chant, une crêpe party, une séance de jardinage, ces thérapeutes tentent de
canaliser ces différences, de donner un sens à la vie de ces jeunes en les re-socialisant.
Grâce au montage de Nelly Quettier, le spectateur se retrouve placé presque dans la position du thérapeute avec une caméra qui filme au plus près, colle aux visages des acteurs de ce Centre vraiment pas comme les autres au point que l’on a presque le sentiment qu’adultes et enfants oublient l’œil inquisiteur de l’objectif. La cinéaste raconte : « L’idée inaugurale de cette institution est que les enfants en souffrance psychique ne sont pas des handicapés à qui il manquerait quelque chose pour être comme les autres. Au contraire, au Courtil, chaque enfant est avant tout considéré par les intervenants comme une énigme, un sujet qui possède une structure mentale singulière, c’est-à-dire une manière originale de se percevoir, de penser le monde et le rapport à l’autre. Les intervenants, en abandonnant tout a priori et tout savoir préétabli, essaient de comprendre la singularité de chaque enfant afin de l’aider à inventer sa propre solution, celle qui pourra lui permettre de trouver sa place dans le monde et d’y vivre apaisé. »
Dans cette approche minutieuse et humaine, Marina Otero fait, comme dans ses précédents docs montrés dans bien des festivals, un travail d’une infinie pudeur et ne cède jamais au voyeurisme sans pour autant passer sous silence des sujets souvent tabous , notamment celui de la sexualité, de la découverte du corps.
C’est ce qui fait la réussite d’un doc en forme de pari difficile : rendre sensible la manière quotidienne de vivre avec la folie, les névroses. Un opus ambitieux, pas toujours facile à appréhender mais qui tient toutes ses promesses. Et une belle leçon de vie malgré tous les écueils.
