LA VIE RÊVÉE DE WALTER MITTY, de Ben Stiller

Avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Shirley MacLaine, Sean Penn

Sortie : mercredi 1 janvier 2014

Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle de chef du service photos du célèbre magazine Life, dont la version papier est soudain arrêtée,  Walter doit trouver le courage de passer à l’action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre, à la recherche d’une image perdue,  une aventure bien plus riche que tout ce qu’il aurait pu imaginer jusqu’ici.

Et alors ?

Cette nouvelle aussi mythique que courte -2 pages et demie- de James Thurber, sortie en 1939, a inspiré un film dans les années 40 et plusieurs pièces de théâtre. Passant une nouvelle fois derrière la caméra, Ben Stiller a choisi de moderniser l’histoire en développant autour du thème d’un rêveur confronté à la dure réalité tout un arrière-plan social qui donne une densité certaine à son récit. Ben Stiller note  : « Ce qui me plaît avec ce film, c’est qu’il n’entre dans aucune catégorie. C’est à la fois une comédie, un drame et un film d’aventures ; c’est un film réaliste mais également incroyablement surréaliste. Pourtant, le personnage principal est quelqu’un à qui nous pouvons tous nous identifier, quelqu’un qui semble mener une vie tout ce qu’il y a de plus normale, mais quis’invente en fait une réalité très différente dans sa tête. Pour moi, Walter Mitty incarne la vision rêvée que nous avons de nous-mêmes et du monde mais que nous gardons pour nous. »

Mais le rêve est d’autant plus fort que la réalité est sombre. Sans avoir l’air d’y toucher, à travers la crise que connaît le magazine Life, passant du jour au lendemain de l’imprimé au numérique avec une belle vague de licenciements, son histoire décrit bien le climat social et les coups de Trafalgar du monde actuel. Avec l’arrivée de managers coupeurs de têtes qui ne prennent pas de gants comme le montre la séquence drôle et ironique sur la conférence de rédaction où les boss, tous porteurs de barbes, annoncent la nouvelle politique du groupe avec un cynisme consommé et une technique de management qui fleure bon l’école de commerce.

Retrouvant les bons vieux ressorts de la comédie sur fond d’aventures, Ben Stiller promène son héros de paysages splendides en lieux étonnants qui font contraste avec le New-York où il mène une petite vie grise de cadre moyen. A la recherche de son cliché perdu, pauvre Indiana Jones plongé dans un monde qui le dépasse, Mitty promène sa dégaine lunaire des paysages volcaniques de l’Islande aux montagnes de l’Himalaya à la recherche d’un photographe résolument hors-modes : ce héros buriné, campé par un Sean Penn qui joue les apparitions, est capable de ne pas prendre le cliché juteux pour profiter de la réalité naturelle.

Ben Stiller a su bien s’entourer et aussi bien Shirley McLaine -la mère collectionneuse des objets familiaux de Mitty- que Kristen Wiig,  la femme que Mitty rêve de séduire- signent des compositions solides. « C’est le genre d’histoire qui donne envie de prendre le monde à bras-le-corps et qui nous rappelle que si nous voulons vraiment quelque chose dans la vie – qu’il s’agisse de nous rapprocher de notre famille ou de voyager – cela vaut la peine de prendre des risques et de se lancer » souligne Kristen Wiig.

Marqué par un générique original en forme de tags des rues de New-York, cette aventure enjouée est aussi portée par une bande musicale qui rythme les pérégrinations de Walter au bout du monde. Conclusion de Ben Stiller : « À travers la musique, j’ai essayé d’exprimer l’idée qu’à l’intérieur de cet homme ordinaire il y a un héros Je trouvais que l’incroyable imagination de Walter méritait une musique noble et héroïque. Teddy Shapiro a composé un thème magnifique pour Walter puis l’a décliné tout au long du film. C’est un morceau teinté de mélancolie qui devient plus enjoué au fil de l’histoire. » Une façon légère et revigorante de passer le cap de 2014 avec une comédie bien plus profonde in fine que l’histoire ne peut le laisser envisager.