UN PRETRE FACE A SES DEMONS

AIME et fais ce que tu veux, de Malgoska Szumowska – 1h41

Avec Andrzej Chyra, Mateusz Kosciukiewicz

Sortie : mercredi 1er janvier 2014

Je vote  : 3  sur 5

0177100L’histoire ?

Au fin fond de la Pologne, un prêtre dévoué encadre des jeunes perdus d’un foyer. Impliqué, il suscite le respect de tous. Peu à peu, il ressent pour l’un d’eux une attirance. Rongé par la culpabilité, il tente de lutter en vain contre cet amour et refouler son homosexualité.

Et alors ?

La cinéaste aborde un thème difficile : l’homosexualité et la religion. « Le film vient de sortir en Pologne et comme je le pressentais, il y a un fort rejet des conservateurs, mais le centre et le centre gauche adorent le film qui a touché 150 000 personnes pendants les trois premières semaines de son exploitation. Ce film dont tout le monde parle, relance le débat et des choses sont en train de bouger en Pologne » souligne la cinéaste. Il fallait en effet un courage certain pour oser décrire ce genre de situation, dans une atmosphère à la Genet, dans une Pologne aussi conservatrice que marquée par la religion. Elle le fait en décrivant subtilement le long chemin de croix du prêtre, admirablement campé par Andrezj Chyra, grand acteur polonais, entouré d’une kyrielle de jeunes comédiens très justes. La séquence où le père Adam court pour oublier ses démons évite bien des commentaires et séquences qui auraient alourdi son propos.

dans la voiture

Quand elle prend de la distance, servie par le beau travail du directeur de photographie, Michal Englert, Malgoska Szumowska  touche au cœur. Sans enfoncer le clou, elle montre comment l’alcool permet d’apaiser les brûlures de l’âme sans pour autant anesthésier la violence ambiante, les propos homophobes. Comme elle montre bien la volonté des autorités religieuses de ne pas aborder la question en plein jour.

Là, où le film déçoit un peu c’est quand la cinéaste se perd dans une symbolique appuyée, la présence de ces adolescents aux gueules d’ange… De même, alors qu’elle avait réussi une très belle séquence amoureuse saisie de loin dans une voiture garée sur le bord d’une route, elle aurait pu éviter la séquence finale qui n’apporte rien de plus à ce récit fort et audacieux. Au demeurant, le sujet est assez audacieux pour mériter un arrêt sur images car cet artiste polonaise sait diriger les acteurs et est dotée d’une vrai griffe qui font oublier quelques instants trop appuyés.

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