LES ÂMES DE PAPIER, de Vincent Lannoo – 1h40
Avec Stéphane Guillon, Julie Gayet, Jonathan Zaccaï et Pierre Richard
Sortie : mercredi 25 décembre 2013
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Paul exerce un drôle de métier et écrit des oraisons funèbres. Victor, son ami et voisin, ne sait plus comment s’y prendre pour le sortir de sa solitude. Un jour, Emma, une jeune veuve, fait à Paul une demande inédite : raconter son mari, un photographe tué en Afrique, à son fils de 8 ans. Mais, alors qu’une idylle se noue entre Paul et Emma, les fantômes du passé ressurgissent..
2 raisons d’y aller ?
Vincent Lannoo parvient à signer un conte de Noël avec la mort pour sujet et ce n’est pas banal. Ouvrant son histoire par une séquence de cimetière où de classiques funérailles dérapent dans l’inattendu, il sait capter l’attention en usant d’une forme d’humour noir. Il dit : « »J‘aime la manière dont ce film confronte la mort et l’humour. Comme seul, a priori, est capable de le faire. Car, à mes yeux, il n’y a que deux manières de vaincre la mort. Celle de Roméo et Juliette qui meurent ensemble la main dans la main et ne seront donc jamais séparés. Et puis la plus belle de toutes selo moi : celle d’en rire. Et c’est exactement ce que proposent « Les Âmes de papier »
Il parvient à garder ce ton même pour évoquer, à travers le personnage très réussi joué par Pierre Richard, les survivants de l’Holocauste. Et ce vieux bonhomme au regard malicieux – qui noie sa nostalgie dans quelques verres de vodka- apporte un souffle de vie dans ce récit. Pierre Richard a d’ailleurs savouré de travailler en duo avec Guillon comme le souligne le réalisateur : « Sur le plateau, dit-il , Pierre m’a confié avoir eu l’impression de retrouver un duo comme il n’en avait plus connu depuis Gérard Depardieu dans les films de Francis Veber. »
Stéphane Guillon justement est à sa place dans le rôle de cet homme qui cache sa mélancolie et les blessures anciennes derrière un premier abord bourru et des répliques caustiques. Dans la scène de l’anniversaire
du petit, flanqué d’un incroyable chapeau de clown, il a une dégaine pas possible. Face à lui, Julie Gayet est juste de bout en bout, exprimant la sensibilité profonde de cette jeune veuve à travers de petites intonations, un regard, une attitude. Quant à Jonathan Zaccaï, il vient compléter ce duo et son irruption fantomatique n’est pas dénuée de surprises.
C’est sans doute dans cette évocation des fantômes que le film est le moins abouti, perd parfois son monde même si la présence d’un « revenant » -on peut interpréter sa présence de plusieurs manières- redonne du rythme à ce récit d’amour et de fantômes. Au demeurant, Vincent Lannoo utilise habilement les décors de Paris pour sortir des images de carte postale et met à profit le décor du Pont des Arts, désormais orné d’une multitude de cadenas.
Entre rire et mélancolie, ce conte dégage une certaine atmosphère. Ce n’était pas gagné avec un tel thème… et ce n’est donc déjà pas mal de s’en tirer de la sorte.

