UN FILM NOIR DANS LA TUNISIE « LIBRE »

NESMA – A film by Homeïda BAHI from INSOMNIA World Sales on Vimeo.

NESMA, de Homeïda Behi – 1h25

avec Farid Eloudardi, Aure Atika, Aziza Gorgi

Sortie : mercredi 18 décembre 2013

Nesma_film_topJe vote : 3 sur 5

Quezako ?

Quatre mois après la révolution dans la banlieue nord de Tunis, un couple, Youssef Slimane et sa femme, Claire, sont agents immobiliers de villas de luxe. Ils cherchent  à louer la villa « Nesma », une grande demeure moderne, entourée d’un beau jardin et offrant piscine. Leur vie change le jour où un homme usurpe l’identité de Youssef pour puiser dans ses comptes bancaires. Cette villa  va devenir le théâtre d’évènements sombres.

BEHI_Homeida_2013_Nesma_01Et alors ?

Pour son premier scénario,  Homeïda Behi a choisi son pays d’origine pour cadre. De fait, il a vécu en Tunisie jusqu’à ses 18 ans avant de s’installer en France. De mère française et de père tunisien, et cinéaste, il est venu au 7ème Art après s’être nourri des grands classiques grâce à la vidéothèque familiale. « Je désirais juste raconter des histoires, tout est parti de là et, dans un premier temps, j’ai eu du mal à assumer cette envie que j’avais d’écrire un premier scénario et de passer derrière la caméra. »
Assez naturellement, le printemps arabe qui a balayé le pouvoir autoritaire tunisien sert de toile de fond à ce récit A064R1UGen forme de film noir où le cinéaste même plusieurs atmosphères  en mettant en scènes plusieurs personnages : un couple aisée qui traverse une crise; la famille des jardiniers dont la fille adolescente s’émancipe du joug parental; des policiers dont certains sentent la corruption à plein nez… Propos du réalisateur : « C’est un enchevêtrement de différents atmosphères, dit-il, de différentes émotions. Je désirais pour commencer restituer une ambiance particulière, celle qui règne sur un pays vivant sous la coupe d’une dictature, étouffante, oppressante et transcender ces sensations en m’appuyant sur la chaleur insupportable qui s’abat sur la Tunisie l’été. Tout ce que l’on ressent au cours de l’année devient soudainement encore plus palpable en été. Je voulais jouer sur le parallèle entre ces deux atmosphères qui s’imbriquent et placer au cœur de cette torpeur un personnage qui se retrouve prisonnier d’une histoire qui le dépasse. »Au cœur de l’histoire, il y a Claire et Youssef dont on sent vite qu’il n’a pas connu des heures difficiles sous la dictature. Homeïda Behi poursuit : « Le personnage principal, Youssef, et ceux qui gravitent autour de lui sont des gens qui ont très bien vécu sous la dictature. Lorsque les évènements ont éclaté, ils se sont retrouvés soudainement un peu perdus, happés par leurs doutes. Ils espéraient cette liberté qui s’ouvre devant eux, mais ils se sont tellement accoutumés à cette vie, qu’il n’est pas certains qu’ils trouvent leur propre liberté, des cadavres dans leur jardin viennent l’entraver. S’il est trop tard pour cette génération, représentée par Youssef, les enfants, en revanche, représentent véritablement l’espoir. »

A033R1UGSi le double, dont on ne voit jamais le visage, peut symboliser l’ombre de cette dictature sous laquelle le pays a vécu des lustres, si le climat est celui des films noirs, Homeïda Behi s’attache à décrire aussi la vie au jour le jour avec les premiers émois amoureux de la fille du jardinier, sa complicité avec son petit frère et glisse aussi des moments d’humour. Ainsi quand Claire -joliment campée avec un certain mystère par Aure Atika- retrouve les « plaisirs » de sa jeunesse quand elle file dégonfler les pneus de moto de la police. C’est ce souci du détail qui touche indéniablement dans ce récit qui souffre pourtant, dans sa deuxième partie, d’une certaine baisse de régime et ne parvient pas toujours à donner toutes les pistes pour bien appréhender toute l’histoire. Au demeurant, ce premier film ne laisse jamais indifférent.

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