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SUGAR MAN, de Malik Bendjelloul – 1h25
avec Sixto Diaz Rodriquez, Stephen Segerman, Dennis Coffey
Diffusion sur Canal +, le mardi 17 septembre 2013, 22h45
Mon avis : 

sur 4
L’histoire ?
Guitariste et chanteur d’origine mexicaine, né en 1942 à Detroit dans le Michigan, Sixto Rodriguez a publié son premier album aux Etats-Unis dans les années 70. Textes engagés et musiques folk l’ont parfois fait comparer à un Bob Dylan. Mais le destin de cet homme reste un mystère car il resta dans l’ombre, sauf en Afrique du Sud en lutte contre l’apartheid où ses musiques connurent une grande popularité. Ce doc raconte un destin qui sort de l’ordinaire.
Et alors ?
Dans ce film en forme d’enquête, Malik Bendjelloul ne manque pas son premier tour derrière une caméra. De fait, Sixto Rodriguez a connu un début de carrière assez discret aux Etats-Unais dans les années 70 avant de disparaître après avoir connu un très grand succès populaire en Afrique du Sud encore sous la coupe de l’apartheid. Un temps, une rumeur de suicide a même couru sur lui. Le cinéaste a permis au chanteur de connaître une nouvelle carrière : il raconte l’histoire du disquaire Stephen Segerman et de son ami, tous deux fans de Rodriguez, qui ont enquêté sur la disparition de l’artiste, ce qui a permis, in fine, de le retrouver.
Il a fallu au cinéaste trois ans pour mener à bien ce projet que personne ne voulait et qui lui a pourtant permis, en 2013, de décrocher l’Oscar du meilleur documentaire. Pour autant, il n’en garde pas de rancœur et souligne : « En tant que réalisateur, on peut faire appel à des instituts et récolter des fonds (…) On obtiendra peut-être l’argent mais, dans l’attente, on aura peut-être perdu l’inspiration et la passion qui nous animaient une année plus tôt. Si on veut être fidèle à soi-même, il faut se fixer ses propres règles, comme utiliser son propre argent. »
Le temps a passé mais Sixto Rodriguez n’a rien perdu de ses convictions et de ses colères. Ainsi quand il déclare : « Je sais que j’appartiens à l’ancien siècle, mais j’aime me considérer comme un contemporain. Certains problèmes n’ont toujours pas été résolus et les gens attendent encore et encore une solution. Je suis un travailleur, un ouvrier. Quand quelque chose est cassée, on regarde ce qui ne va pas et on le réparre. Seulement, la mentalité de notre société ne peut pas être réparée. C’est un problème initié par les hommes. Ils dominent la politique. Je pense que si plus de femmes accédaient au pouvoir, elles pourraient faire changer les choses. J’ai l’habitude de dire que les femmes portent la culture, je pense que les femmes sont la culture. On nous parle des menaces islamistes, mais qui parle de celles au coeur de la République. : les riches qui ne payent pas les impôts, les entreprises qui font du lobbying auprès du Congrès. Le scandale Enron a démontré la corruption. Ces organisations savent comment faire voter des lois qui les arrangent… »
Bref, une séance de rattrapage à la télévision pour tous ceux qui auraient manqué un documentaire d’une grande richesse.
