Avec All Is Lost, sur les écrans le 11 décembre, Robert Redford prouve qu’il peut jouer de tout son corps avec une étonnante économie de paroles…
Après un drame choral, Margin Call, J.C. Chandor a opté, dans son second long métrage, pour le voyage en solitaire et un personnage unique. Dans All Is Lost, le « héros » est un navigateur solitaire en lutre contre les élèments dans l’Océan indien après que son voilier a été heurté par un container dérivant. Tourné en partie dans les mêmes studios que Titanic, au Mexique, où Robert Redford s’est d’ailleurs abimé une oreille durant le plateau.
Les amateurs de Redford ne manqueront pas ce film qu’il porte tout seul sur les épaules. 106 minutes où il ne prononce qu’une réplique : « Shit ! » Un « merde » d’anthologie pour un film où, plus que jamais, Redford, 77 ans mais bon pied bon œil, joue une fois encore un homme seul contre tous. « Le projet m’a plus immédiatement. Malgré les difficultés. Car tourner en mer est un cauchemar : la lumière change constamment, le surface de l’eau se modifie et l’on est en permanence à la merci de la météo. Sans compter qu’on a les pieds mouillés. Mais, quand on se targe d’être acteur, on doit pouvoir jouer dans n’importe qu’elles circonstances. »
Sans pouvoir s’appuyer sur le moindre mot, Redford doit donc jouer avec tout le corps. Un exercice qui n’est pas pour déplaire à un comédien qui a souvent choisi de prendre des risques et qui, malgé un statut de star, n’a jamais mis un mouchoir sur ses convictions profondes et son combat pour la liberté. Démocrate et écolo, il a construit un rendez-vous, loin de la machinerie hollywoodienne avec le Festival Sundance qui, chaque année, présente des
œuvres du cinéma indépendant. Redford est heureux de la proposition faite par J.C. Chandor et note non sans humour : « C’était audacieux, singulier, et sans dialogues. J’ai eu la conviction que J.C. resterait fidèle à son approche (…) C’est assez ironique, après presque trente ans à la tête de Sundance, aucun des réalisateurs auxquels j’ai apporté mon soutien ne m’a engagé. Ils ne me proposent jamais de rôle ! J.C. est le seul ! ».
Ayant nécessité pas moins de trois voiliers, All Is Lost résonne aussi comme un hommage à Hemingway du Vieil Homme et la Mer, dont J.C. Chandor reconnaît son influence sur le scénario final. Un défi de plus pour un comédien qui aime les risques et a du donner une épaisseur à ce marin sans « jamais fournir d’éléments biographiques. » Certains acteurs ne décident jamais de tourner et de vivre comme de petits rentiers. Redford en est un…

