EDOUARD MOLINARO : MORT D’UN ARTISAN MODESTE

9975Après Lautner, un autre grand nom de cinéma français vient de disparaître : Edouard Molinaro, décédé à l’âge de 85 ans. Retour sur le parcours d’un cinéaste modeste et inspiré.

Natif de Bordeaux – en 1925- Edouard Molinaro a promené sa silhouette et sa gentillesse des plateaux de cinéma à ceux de la télévision et fait de nombreuses adaptations théâtrales dont deux écrites par Francis Veber et pas des moindres : L’Emmerdeur et La Cage aux folles. On ne présente plus cette comédie qui fit un tabac sur scène et au cinéma avec Jean Poiret et Michel Serrault. Et qui valut à Molinaro en 1980 une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur et comme scénariste.

Décidement atypique, Molinaro aimait revenir sur son premier film, La Mort de Belle, d’après Simenon, tourné en 1961 avec Jean Dessailly et Alexandra Stewart. Un opus poétique et sensible qui ne connut pas le succès mais pour lequel le cinéaste gardait une vraie affection. A l’époque, l’homme cherche, tente et joue, comme Louis Malle dans Ascenseur pour l’échafaud, la carte du jazz. Ainsi dans Des femmes disparaissent, en 1958, il avait demandé à Art Blakey et les Jazz Messengers de nourrir le générique. Plus tard, dans Ennemis, c’est Martial Solal qui est à la partition…

L’homme avait le sens de la comédie et du rythme : il le prouva dès Arsène Lupin contre Arsène Lupin ou Une ravissante idiote avec Brigitte Bardot et Anthony Perkins. En 1965 dans La Chasse à l’homme, il retrouve des comédiens familiiers dans l’histoire qui oppose un clan de mecs à celui de femmes où figure une débutante : Catherine Deneuve. Audiard est aux dialogues et signe cette réplique demeuré célèbre : « Deux milliards d’impôts nouveaux ? Moi, j’appelle plus ça du budget. Mais de l’attaque à main armée »

220px-Edouard_Molinaro_2009la-cage-aux-folles-a01Molinaro a tourné avec une kyrielle de stars quitte à agacer De Funès (Oscar) car le cinéaste ne manifestait par sur un tournage ses réactions et ne riait pas ce qui gênait un comédien toujours attentif aux effets de ses prestations. Plus tard, sur le tournage de La Cage aux folles, un autre grand nom de la comédie italienne, Ugo Tognazzi le fera pas mal souffrir. C’est aussi Molinaro qui offrira à Jacques Brel avec Mon oncle Benjamin, portrait savoureux d’un médecin humaniste et libertaire, un grand rôle.

Artisan du cinéma, Molinaro, surnommé « Doudou » par ses proches, a aussi marqué de son empreinte la télévision avec des adapatations de grands romanciers : Stefan Zweig (La Pitié dangereuse, avec Michel Piccoli) ou Balzac (Nana, avec la jeune Lou Doillon)

Un petit hommage en images :

Des femmes disparaissent

La Cage aux folles

Mon oncle Benjamin (une réplique célèbre)

Hibernatus

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