FOREST WHITAKER, UN FLIC FACE AUX DEMONS DU PASSE

ZULU, de Jérôme Salle – 1h50

Avec Orlando Bloom, Forest Whitaker, Inge Beckmann

Sortie : mercredi 4 décembre 2013

Je vote : 3 sur 5

20536493Quezako ?

Dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente trouvée morte sur une plage. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête  bouleverse la vie des deux hommes et ils vont devoir affronter leurs démons intérieurs.

3 raisons d’aller voir ce polar ?

Retrouver l’univers noir de Caryl FéreyEn plongeant en 2008 son histoire au cœur de l’Afrique du Sud, le romancier a su parfaitement se servir d’un univers original, propice à un climat lourd, violent. Caryl Férey souligne : « Je suis moi-même assez excessif dans la vie et c’est vrai que l’Afrique du Sud, quand on écrit des romans noirs, c’est du pain béni ! C’est la même chose avec les auteurs américains : leur société est tellement fascinante et épouvantable à la fois que cela ne peut donner que des bons livres… Si vous allez au Liechtenstein, à part mettre le feu aux banques, vous ne trouverez pas grand-chose à faire, ni un imaginaire très développé ! L’Afrique du Sud est un des plus beaux pays au monde avec une lumière incroyable, une végétation fantastique mais aussi des problèmes colossaux hérités de l’apartheid comme le sida ou la violence. »

20536491Découvrir une mise en scène qui décoiffe. Fort connu pour ses adaptations cinématographiques de Largo WInch, Jérôme Salle connaît les ressorts d’un film d’action et sait décrire une atmosphère. En promenant le spectateur des ghettos misérables de Capetown où les gamins drogués meurent dans des conduites d’eau aux riches villas avec vue sur le mer, il optimise un cadre qui sort de l’ordinaire et confère un climat certain à cette histoire de deux flics confrontés à leur passé et à des fantômes. Réflexion du réalisateur : Ce que je voulais développer avant tout, c’est cette idée du pardon qui parcourt tout le film. Comme le dit Desmond Tutu : « Pas d’avenir sans parfond. » Le film traite de la difficulté et de la nécessité de pardonner pour aller de l’avant. » Jérôme Salle parvient à filmer une Afrique du Sud qui n’a rien d’une carte postale dans ce récit où la violence est parfois à la limite du soutenable comme lors de l’affrontement avec des dealers sur la plage.

Retrouver Forest Whitaker. L’homme est un grand artiste, il suffit de se souvenir de ses prestations dans Bird ou Le Dernier roi d’Ecosse. Face à Orlando Bloom, qui joue un flic accro aux pilules et en manque d’amour, Whitaker signe une composition forte d’Ali,  ce capitaine d’une unité de police criminelle de Capetown, victime de sévices terribles durant son enfance, et qui tente de retrouver une vie normale dans un monde qui ne l’est absolument pas. Il souligne : « Ce qui compte pour moi, c’est que les expériences vécues par mes personnages dans le récit nourrissent ce qu’ils sont et ce qu’ils deviennent. De plus, pour Ali, mon travail passait par le langage et la religion, j’ai appris des notions d’arabe et d’espagnol, j’ai voulu connaître le sens des prières, leurs déroulements, leurs rites… Et puis, je me suis intéressé aux vêtements qu’il porte : son intégrité passe aussi par le fait qu’il souhaite rester impeccable. J’ai évidemment parlé de tout cela avec Jérôme Salle parce que c’est lui qui avait l’œi sur l’ensemble du projet. »

20536494Bref, le spectateur ne peut qu’être marqué par le chemin de croix de ces deux flics, hantés par leur passé. Il faut pourtant regretter la lourdeur de la séquence finale au cœur du désert, comme cadre immaculé de la vengeance finale d’Ali. Car traînant en longueur, elle finit pas casser le rythme du récit. Dommage car toute la première partie du film avait une vraie dynamique.

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