TROIS GENERATIONS DE PALESTINIENS DANS UN CAMP LIBANAIS

A World Not Ours Trailer 2013 from Nakba FilmWorks on Vimeo.

A WORLD NOT OURS, de Mahdi Fleifel – 1h33

Documentaire

Sortie : mercredi 4 décembre 2013

Je vote : 3  sur 5

21022122_2013072318072820175328L’histoire ?

Ce journal intime en images dresse le portrait de trois générations d’exilés dans le camp de réfugiés d’Ein el-Helweh, dans le sud du Liban près de Saïda. Basé sur une multitude d’enregistrements personnels, les archives de la famille, et des séquences historiques, le film est une étude  de ces Palestiniens qui sont tiraillés entre un territoire perdu, la vie dans les camps et un avenir peu radieux.

Et alors ?

« Au fil des ans, ma vision du camp a changé. Quand j’étais jeune et que je vivais à l’intérieur du camp, je ne me souciais guère de l’ambiance politique. Puis, en vieillissant et en filmant, j’ai fini par comprendre que ce n’était pas Disneyland ! Ce camp est un endroit tragique » prévient Mahdi Fleifel, né à Dubaï mais vivant à Londres, après avoir grandi dans ce camp, puis dans la banlieue d’Elsinore au Danemark. Régulièrement, il vient visiter sa famille dans ce lieu miséreux.

Son père avait déjà l’habitude de fixer la vie familiale en films. Son fils a pris la relève et, à partir de documents familiaux, enrichis de documents d’archives et de ses images modernes, il fait un portrait sensible de Palestiniens de différents générations qui vivent dans ce cadre très pauvre, où chômage et manque d’éducation laisse peu de place à un avenir radieux.

Depuis 1948 et la création de l’Etat d’Israël, quelques 900 000 Palestiniens ont du partir de leurs terres d’origine, venant augmenter le nombre de réfugiés dans ces camps du Liban, de Syrie et ici du Liban. Son grand-père est le témoin principal qui a vécu ce déracinement, lui qui a vécu cet exode dès la création d’Ein el-Helweh, en 1948. On mesure bien comment cet octogénaire qui rêve de paix subit la vie de ces réfugiés, la promiscuité, la saleté avec les cafards qu’ils chassent au quotidien. Mais il y aussi cet oncle, dérangé depuis la mort de son frère et qui tue le temps entre attente dans le marché, contemplation des poussins sur sa terrasse ou chasse des chats errants à 75331coups de godasses. Enfin, il y a Abu Eyad, l’ami d’enfance (ci-contre), ancien membre actif du Fatah, l’organisation politique et militaire fondée par Yasser Arafat, qui semble avoir renoncé à toute perspective d’avenir même s’il semble bien décidé à larguer les amarres pour un ailleurs plus riant.

Une des forces du film, c’est d’avoir su baigner cette nostalgie d’un passé à jamais perdu d’un regard où l’humour tient lieu de politesse du désespoir. Ce sont les séquences drôles où le présent semble mis entre parenthèses le temps d’une Coupe de monde de foot où les réfugiés font preuve d’un chauvinisme communicatif quand il s’agit de défendre les couleurs allemandes ou italiennes. Mahdi Fleifel souligne : « J’ai adopté une approche semblable à celle de « Radio Days ». Il y a beaucoup de nostalgie dans ce film de Woody Allen et c’est aussi ce que je ressens lorsque je retourne en vacances dans le camp. »

Il filme ainsi avec amour ces générations palestiniennes perdues dont la désillusion ne laisse rien présager de bon sur les perspectives d’une paix durable. A travers ces portraits, Mahdi Fleifel donne ainsi à réfléchir sur les notions de Révolution  et de cette notion sacrée d’un retour vers la patrie mythique. Contrairement à ce que disait Ben Gourion, fondateur de l’état d’Israël, dont il fut le premier Ministre, si les vieux Palestiniens sont morts, les jeunes n’ont pas oublié, ces images le montrent.

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