IL ETAIT UNE FORÊT, de Luc Jacquet – 1h18
Documentaire sur une idée originale de Francis Hallé
Sortie : mercredi 13 novembre 2013
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
vec son nouveau film, Luc Jacquet nous propose un voyage au plus profond de la forêt tropicale… au cœur de la vie elle-même. Pour la première fois, une forêt tropicale va naître sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui s’écoulent sous nos yeux.
La corce de ce doc ?
On ne présente plus le réalisateur de Microcosmos et de La Marche de l’empereur, un cinéaste capable de capter aussi bien l’infiniment petit que l’infiniment grand et nous faire pénètre au cœur de la Nature. Il récidive cette fois en suivent dans deux forêts primaires du Gabon et du Pérou en mettant ses pas dans ceux de Francis Hallé, célèbre botaniste et spécialiste de l’écologie de telles forêts tropicales. Après un premier séjour en Guyane, ils sont imaginé cette aventure ce qui a bien arrangé le cinéaste pas vraiment familier de ce monde : « Là où le novice que j’étais ne voyait qu’un entrelacs interminable de végétation, Francis Hallé discernait sans cesse des histoires entre des êtres en train de lutter ou de collaborer. En l’observant évoluer dans la forêt, toucher les troncs, sentir les fleurs, froisser les feuilles, j’ai compris que sa présence à l’écran était indispensable. Il était le médiateur essentiel entre ce monde végétal et le grand public. » Très vite, l’idée a fait son chemin que ce soit le botaniste qui serve de fil conducteur au récit et soit aux
premières loges alors qu’il n’en avait pas vraiment envie. Confidences : « Au départ, je ne voulais pas apparaître à l’image. Je crois qu’il vaut mieux montrer des jeunes premiers au cinéma, et, à 75 ans, je n’en suis plus vraiment un ! Mais Luc désirait entraîner le spectateur dans un voyage de découverte comme celui qu’il avait vécu à mes côtés. Cela lui semblait logique que je le guide dans les salles comme je l’avais déjà fait dans la réalité. Alors, je lui ai fait confiance et le fait est que tourner ce film m’a rappelé les balades que nous avions faites en Guyane. » En jouant sur le temps et les dimensions, entre l’infiniment grand et ces images magnifiques de canopée et l’infiniment petit -le ballet des insectes au cœur d’un tronc, Luc Jacquet semble « raconter » la forêt de l’intérieur.
Si certaines images de synthèse utilisées pour montrer la croissance des arbres – et qui sont au demeurant belles- sont un brin répétitives et si le ton du commentaire manque parfois d’un peu de vie et certaines séquences un brin redondantes, cette plongée dans la forêt primaire, cette découverte de l’invisible ne peut que fasciner tant Francis Hallé est passé maître en l’art de dire
simplement des choses sophistiquées. Un vrai conteur doublé d’un fin dessinateur. « Je passe mon temps à dessiner. En botanique, on ne peut pas faire autrement. Tous les botanistes sont dessinateurs. Je ne néglige pas la photo mais, dans une forêt, si un arbre vous intéresse, vous aurez du mal à l’extraire de son environnement par la photo, alors que le dessin le permet. La photo ne remplacera jamais le dessin »
C’est Emily Loizeau qui a signé la chanson originale du film, Upon a Forest. Elle conclue : « Tout au long de son histoire, Francis Hallé n’assombrit jamais nos cœurs. Il porte le fardeau humain de cette forêt en danger d’une voix tournée vers l’avenir et l’espoir. » Et c’est bien vu…
