NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR, de David Perrault
Avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins, Constance Dollé, Philippe Nahon
Sortie : mercredi 23 octobre 2013
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France, début des années 60. Simon, catcheur, porte le masque blanc. Sur le ring il est « Le Spectre ». Il propose à son ami Victor, de retour de la guerre, d’être son adversaire, au masque noir : «L’Equarrisseur de Belleville ». Mais pour Victor, encore fragile, le rôle paraît vite trop lourd à porter : pour une fois dans sa vie, il aimerait être dans la peau de celui qu’on applaudit. Un soir, alors que son manager lui a donné l’ordre de se coucher, Victor refuse et débutent alors les ennuis pour les vieux copains
2 raisons de monter sur le ring ?
Une célébration en noir et blanc d’un cinéma de genre des années 60. En reconstituant le climat des combats de catch, si en vogue en France dans les années 60, David Perrault rend un hommage maîtrisé au cinéma des gueules et des atmosphères en ne signant ni un polar, ni un film de genre. Il dit : « Mon film n’est pas à proprement parler un polar. Pas plus qu’il n’est un film sur le catch… Il se sert des codes et de l’atmosphère du genre comme décor idéal, comme prétexte pour aborder des thèmes tels que la confrontation entre l’homme et le mythe, la vérité et la fiction, le rêve et la réalité. «
Il se joue alors de tous les codes, glissant aussi des respirations un brin surréalistes, dans cet univers de sueur, de misère, de petits rades et d’amitiés virile où vivre consiste à se donner en spectacle en changeant de peau et en se jouant des masques. Il dépasse alors la simple reconstitution du monde du ring -comme dans le classique Nos héros sont morts ce soir– pour décrire une histoire de mecs, avec leurs problèmes d’homme et d’ego, entourés de quelques figures féminines qui gravitent autour du comptoir et du flipper.
Des acteurs qui ont la carrure. Dès son irruption sur le ring, Denis Ménochet semble la réincarnation de Lino Ventura avec sa dégaine, son physique trapu et cette façon de vous décocher un regard noir et mélancolique par en dessous. Face à lui, Jean-Pierre Martins campe parfaitement le beau gosse, celui qui a tiré les meilleures cartes provisoires dans ce poker menteur de cette vie. Face à eux, Philippe Nahon est le manager idéal avec sa casquette de Gavroche vissée sur son crâne de piaf. Quant à Ferdinand Pascal Demolon, il signe une séquence savoureuse d’homme de main qui vient réclamer la dette de son boss.
Si l’histoire s’égare parfois sur des chemins de traverse, David Perrault signe au demeurant un premier long métrage qui a de la gueule et qui est, plastiquement, très séduisant.

