Dans La Confrérie des larmes, de Jean-Baptiste Andrea (sur les écrans le 9 octobre), Jérémie Renier débarque dans un thriller fantastique. Un nouveau personnage pour cet acteur qui aime surprendre et se surprendre.
Gabriel, 30 ans, est un flic revenu de tout et qui a sombré dans l’alcool après la disparition de sa femme. Vivant seul avec sa fille adolescente, il accepte un jour de convoyer une mystérieuse mallette contre une substantielle rémunération. Le début d’aventures sombres en compagnie d’une flic énergique et ambitieuse qui peut ainsi échapper à sa vie de gratte-papiers et que joue avec une belle énergie Audrey Fleurot. Commentaires de Jérémie Renier.
Comment avez-vous débarqué dans ce thriller ?
Jémérie Renier : Alors que je venais de terminer Elefante Blanco, de Pablo Trapero, les producteurs de ce film m’ont parlé de ce projet, j’ai rencontré Jean-Baptiste et j’ai lu le scénario. Sa lecture m’a intrigué : son univers était surprenant. La trame était beaucoup plus originale que ce qui se fait d’ordinaire en France. Mais j’avais quelques craintes aussi avec l’idée d’un flic paumé et alcoolique qui avait déjà était traité auparavant. Et puis, c’était un thriller avec de l’action, qui bougeait, et je n’avais pas eu l’occasion de faire cela auparavant.
Quelles étaient vos craintes ?
J. R. : Mon salaire car j’y pense tout le temps avant d’accepter un rôle ! (rire)
… le scénario étant original, il fallait que Jean-Baptiste tiennent son sujet. C’est un thriller et non un policier ce qui peut être difficile et dangereux car nous nous attaquions à des codes que l’on a peu l’habitude de voir. Parfois aussi, le code peut tourner au cliché. J’avais donc peur du déjà-vu. Mais Jean-Baptiste avait des idées précises et voulait rapprocher son film du réel et ne pas tomber dans le super flic… J’avais aussi aimé ses précédents films : Dead End, par exemple, a des rapports avec l’univers de Sam Raimi.
Le personnage de Gabriel était à l’origine plus âgé…
J. R. : C’est vrai, Jean-Baptiste avait prévu un acteur plus vieux que moi mais il a bougé, in fine, peu de choses. C’était ce qui m’intéressait car cet homme avait vécu plein de choses mais, comme il était senior, cela devenait du coup plus conventionnel. En allant vers moi, il allait vers un personnage plus banal de flic plus usé. Et il allait à l’encontre des clichés. C’est en voyant Clo-Clo qu’il a découvert que je pouvais jouer sur plusieurs époques. Et, pour moi, c’était un vrai défi de composer un personnage qui ait un tel parcours.
Juliette, la fille de Gabriel joue un rôle important dans l’histoire. Comment s’est passé le travail avec Mélusine Mayance ?
J. R. : Elle est née actrice. Elle a une répartie étonnante. C’est parfois dur de tourner avec des adolescents car ils ne savent pas toujours canaliser leur énergie. Mélusine avait d’emblée cette spontanéité. On pouvait improviser et elle suivait. C’était d’autant plus important de l’avoir que son rapport à son père est capital dans ce thrilller et le rend plus accessible. Sa fille le relie à la réalité avec l’amour de cette fille qui l’aime et tente de le sortir du fond du trou. Sur le tournage, je ne sais pas pourquoi cela m’a fait penser aux relations très brutes de Nicolas Cage avec sa fille dans Kick Ass.
Ce film porte aussi un regard très cynique sur une société et sur ce qu’on est prêt à faire pour de l’argent ?
J. R. : C’est d’abord un thriller mais qui montre bien jusqu’où l’on est prêt à aller pour de l’argent, c’est vrai ! Ce sont des personnages déçus par rapport à leurs rêves de jeunesse et, du coup, ils prennent d’autres voies.
Etes-vous client de ce genre de livres, polars ou thrillers ?
J. R. : Des polars oui mais je ne connais pas vraiment de thrillers français de ce type.
Le réalisateur a t-il eu la tentation de vous cacher le contenu de la fameuse valise ?
J. R. : La tentation sans doute mais cela aurait été trop facile de ne pas dévoiler son contenu ! Il aurait pu me dire d’ouvrir la mallette et que, sans rien montrer de son contenu, mon visage exprime l’étonnement, la peur… Mais, la fin était une question importante car le film tient en haleine sur cette résolution de l’enquête.
Le vin a son importance dans l’histoire. Amateur des bonnes bouteilles ?
J. R. : J’ai beaucoup appris en tournant le film néo-zélandais de Niki Caro, La Veine du vigneron en 2012. Nous étions en Bourgogne pendant trois mois et du coup, j’ai eu une formation accélérée en travaillant avec une famille de vignerons. Pour moi, le vin est comme un art. Il y a le côté mystérieux d’une cave. Certains vignerons disent qu’au-delà des saisons et de la météo, ce qu’ils ont vécu dans l’année transparaît dans le millésime. On peut y croire ou pas, en tout cas, l’idée fait réfléchir…
Dans le rôle de cette femme flic aussi énergique que réactive, au point parfois de pousser Gabriel dans ses retranchements, Audrey Fleurot réussi sa prestation. Commentaires de Jérémie Renier : « Jean-Baptiste a justement fait appel à Audrey car il avait besoin d’une comédienne qui était tout de suite forte à l’écran et à laquelle on pouvait vite s’identifier et la croire. C’est une fille qui apparaît comme une employée dans la paperasse et on découvre vite qu’elle cache une autre personnalité. Elle donne une vérité à son personnage. »


