GUEDIGUIAN, CÔTE COULISSES

Bande annonce Robert sans Robert par juliezed

ROBERT SANS ROBERT, de Bernard Sasia et Clémentine Yelnik – 1h30

Documentaire

Sortie : mercredi 2 octobre 2O13

21026516_20130812173536628Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

Chef monteur de Robert Guédiguian depuis trente ans – et dix-sept films ensemble- Bernard Sasia a emprunté ses personnages et ses situations au cinéaste pour jouer à rebrousse temps et le raconter à travers le montage et le dé-montage de ses films. En jouant sur les répliques des personnages campés par Ascaride, Darroussin, Meylan et les autres, il nous plonge dans les coulisses du petit monde coloré de Guédiguian…
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Loin de tout récit didactique, autorisé sur l’univers cinématographique de Guédiguian, son ami monteur a choisi de faire parler les images, les dialogues et, bien sûr, le montage. Car, il avoue se demander depuis des lustres ce que donnerait tel film de Guédiguian si, par la grâce d’un nouveau montage, il en changeait le déroulement. Or, en 2012, un coup de fil l’a surpris place de la Bastille : il cherchait quelqu’un pour réaliser un film sur son travail à l’occasion d’une rétrospective dans le cadre de Marseille 2013, capitale européenne de la culture. » Sasia s’est jeté à l’eau en se proposant… Silence du cinéaste et explications du complice de bien des montages : « J’argumente. Ce film, celui de son monteur, sans interview, uniquement avec ses images, peut apporter un éclairage inhabituel sur son œuvre. Il montrera comment son cinéma, des années 1980 à nos jours, raconte l’Estaque, Marseille et même le monde… Cette réflexion sur notre travail passé ne peut qu’enrichir notre travail à venir. »

 Il a su trouver les mots pour le convaincre et le résultat est ce doc où l’on comprend mieux l’univers de Guédiguian de l’intérieur, par le truchement du travail de monteur. Un technicien qui ne joue pas les vedettes mais revisite dans l’ombre – on ne voit que ses mains qui pianote sur les touches du clavier de son ordinateur- des films qui ont occupé de longues semaines de sa vie. Et dont il se demande s’il ne pourrait pas, d’un nouveau montage, en changer le  sens. A cet égard, ce documentaire, qui raconte aussi le métier de ceux qui restent dans l’ombre au cinéma, nous présente le montage comme s’il s’agissait d’une fiction avec un enjeu, des incidents…  Comme il le raconte au passage, il fait souvent un premier montage sur la base des rushes pour en discuter ensuite longuement avec Guédiguian sur cette base et concevoir un produit final différent.

Et puis, en revisitant ces scénarios différents mais unis par la même tribu, les mêmes valeurs, les mêmes engagements (même s’ils ont pu tourner au désenchantement), le même humour, Bernard Sasia permet de sentir les thèmes centraux de Guédiguian. Ainsi, astucieusement, il montre comment, image à l’appui, la déclaration d’amour aux personnages campés par Ariane Ascaride devient un exercice de style pour les hommes joués par 21040521_20130916112046041Meylan et Darroussin qui sont, chacun à leur manière, des doubles de Guédiguian.

A l’image du « chef », ce film est aussi une défense pour rester vigilant sur le monde tel qu’il ne va pas. L’auteur conclue : « J’ai été très heureux d’entendre des jeunes d’une compagnie de théâtre me dire que « Robert sans Robert » leur donnait le désir de se battre ensemble pour que leurs rêves deviennent réalité. Et j’espère qu’un jour, eux aussi, ils pourront raconter comment ils ont fait… et filer la pêche à ceux qui se battront après eux. » Et ça, ce n’est pas le moindre mérite du cinéma de Guédiguian.

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