MARILYNE CANTO ECLATANTE

photo_hd_03LA TENDRESSE, de Marion Hänsel – 1h18

Avec Olivier Gourmet, Marilyne Canto, Adrien Jolivet, Margaux Chatelier, Sergi Lopez

Sortie : mercredi 2 octobre 2013

photo_hd_01Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

Un couple séparé depuis quinze ans, Franz et Lisa,  se retrouve le temps d’un voyage de deux jours pour aller chercher leur fils hospitalisé à l’étranger suite à un lourd accident de ski. Que ressentent-ils encore l’un pour l’autre : indifférence, rancœur, jalousie ? Le voyage pour retrouver leur fils et le ramener en Belgique sert de révélateur à leur caractère.


Et alors ?

Pour ce nouveau film, Marion Hänsel s’est largement inspiré de sa propre expérience. Elle dit : « Cette histoire est proche de ce que j’ai vécu et je me suis dit : « Pourquoi ne pas mettre sur papier cette histoire ? » Je l’ai fait un peu comme un peu, sans doute avec une sorte de retenue. Je n’aurais pas pu écrire aussi spontanément et rapidement si elle n’avait pas été en partie autobiographique. Je connaissais parfaitement le cœur de l’histoire, puisque c’est la mienne. »
Sur une trame somme toute assez classique – un amour disparu, l’éducation d’un fils, la difficulté de vivre- Marion Hänsel signe un récit optimisme et subtil en jouant sur toutes les palettes des sentiments. Usant des décors modernes et un brin aseptisés – des arrêts d’autoroute au décor de la  station de ski de Flaine fut construire dans les années 60 par Marcel Breuer, un architecte de renom- pour en faire un écrin où exprimer tous les états de cette « tendresse » et de l’amour. On est loin des histoires de conflits et de  névroses familiales et ça nous change un peu.

photo_hd_02Une histoire portée de bout en bout par le jeu impeccable des deux principaux protagonistes. Une fois encore, Olivier Gourmet prouve l’étendue de son talent en campant ce père bourru qui a du mal à exprimer ces émotions et fume nerveusement de petits cigarillos. Il raconte : « J’aime le cinéma de Marion parce qu’elle met son âme dans ce qu’elle écrit. Ce qui me plaisait dans ce scénario, c’était son regard sur les gens et comment elle le transpose au cinéma. Je fais souvent des choix de personnages « normaux », pas des héros de cinéma spectaculaire, mais des personnages qui sont plutôt axés sur de vraies émotions, des faits réels, des choses sensibles et concrètes que chaque personne peut traverser dans la vie. »

Quant à Marilyne Canto, elle peaufine, de film en film, son jeu et sa prestation ici est tout à fait remarquable car elle parvient à exprimer toute une palette de sentiments sans forcer le trait. Un éclair dans le regard, l’éclat de son rire en disent plus long qu’un long discours psychologique. « Ce qui se passe entre Olivier et moi, c’est quasiment tout le temps dans le non-dit et dans les regards et dans les gestes ou justement dans la maladresse, comment elle est maladroite, elle veut bien faire mais elle fait mal. Comment lui est un peu bourru et du coup il la secoue. Bon, elle le connaît donc c’est pas photo_hd_05très grave. Et puis, le film s’appelle “la tendresse” et il y a toute cette tendresse qui parcourt le film, de bout en bout jusqu’à la fin et qui est vraiment un sentiment très beau dans le film, très pur, intact, de la filiation, de l’amour même fini, terminé » dit-elle.

Marion Hänsel souligne en écho : « Elle m’a immédiatement convaincu, elle était exactement ce que je cherchais : mentalement et physiquement, dans sa démarche, ses gestes, sa maladresse, ses sourires. Elle me ressemble tellement que je n’aurais pas pu imaginer mieux qu’elle pour le rôle de Lisa. Elle sourit spontanément et rit avec plaisir. » 

Sa finesse de jeu s’inscrit particulièrement dans la séquence où Lisa prend un marin en quête d’un travail en stop sur le bord de l’autoroute. Dans le bref échange avec cet inconnu -un caméo de plus réussi pour Sergi Lopez- elle exprime toutes les attentes de cette femme qui a pourtant décidé de vivre en solitaire.

Illustrée par la célèbre chanson de Bourvil qu’on entend au générique, La Tendresse est une variation réussie et épurée sur l’amour, l’usure du temps et la relation aux enfants. Un film aussi humain que sensible même si l’on peut regretter une mise en scène peu peu trop sage.

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