PAPA VIENT DIMANCHE, de Radu Jude – 1h48
avec Serban Pavlu, Sofia Nicolaescu, Mihaela Sirbu
Sortie : mercredi 2 octobre 2013
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Marius est un jeune père divorcé. S’il vit difficilement d’être éloigné de sa fille de cinq ans, il se fait une joie de l’emmener à la mer lorsque son tour de garde arrive. Mais lorsqu’il débarque chez son ex-femme, le voyage tourne court…
2 raisons d’aimer ce film ?
Un traitement original de la crise de couple. L’histoire d’un père déchiré par l’absence de sa fille et qui attend patiemment son tour de garde pour partir en vacances avec elle n’est pas nouvelle. Radu Jude a l’astuce de faire capoter ce projet de vacances pour centrer son récit dans un appartement où les tensions, les cris et les affrontements vont prendre une dimension plus forte, comme si ce lieu clos faisait « résonner » les sentiments. Que ce soit chez les parents de Marius au début ou dans le logis de son ancienne épouse, le cinéaste place sa caméra au plus près des protagonistes pour nous rendre presque complice de leurs agissements.
PAPA VIENT DIMANCHE – Bande-annonce VO par CoteCine
Radu Jude explique ainsi ce choix d’un tournage presque entièrement à l’intérieur : « J’ai fait le choix de concentrer la plus grande partie de l’histoire dans un lieu unique, à savoir l’appartement. C’était au départ un choix économique qui s’est peu à peu imposé comme une évidence dramaturgique. » De pièce en pièce, on mesure au plus près à quel point le chagrin d’amour de Marius peut le conduire aux attitudes les plus extrêmes, à un comportement de fou… Comme si nous étions en position de voyeur face à cette crise d’un couple. Ce qui rend plus présentes encore les tensions qui éclatent dans le couple.
Ensuite, la justesse des comédiens – Radu Jude en tête – qui signent une partition très subtile. Lui, on avait mesuré son talent dans Terminus Paradis ,de Lucien Pintilie et La Mort de Monsieur Lazarescu, de Critsti Piuiu. Avec sa dégaine pataude, son débit à la mitraillette, il confère une grande force d’expression à ce père au bout du rouleau. Il peut tour à tour exploser ou devenir en apparence doux comme un agneau : ainsi, quand il avoue son amour à son épouse qu’il retient cloîtrée le temps de cette crise de folie. Il y a aussi la petite fille, trouvée après un très long travail d’audition : la pioche est bonne tant Sofia Nicolaescu assure dans le personnage de l’enfant balloté dans cet univers de violence parentale. Le cinéaste confie : Je l’ai vue un certain nombre de fois et elle m’a convaincu qu’elle était faite pour le rôle. Même si j’avais peur de son âge et de sa fragilité. Pendant le tournage, elle a été aussi professionnelle que des acteurs confirmés. »
A la manière d’un Pialat, Radu Jude signe une histoire d’un amour perdu où l’humour ponctuel le dispute au drame. Un vrai univers à découvrir.
