LE VOYAGE DES DEUX AMIES

ARTEMIS, CŒUR D’ARTICHAUT, de Hubert Viel, 1h04

Avec Frédérique Barré et Noémie Rosset

Sortie : mercredi 25 septembre 2013

Je vote : 3 sur 5

ARTEMIS_2Quezako ?

Artémis est une déesse lunaire  parachutée dans le monde contemporain. Etudiante en lettres solitaire et mélancolique, elle change de manière de vivre quand  elle croise le chemin de Kalie, une jeune fille exubérante. Les voilà parties pour un road movie poétique et surprenant….

Mon avis ?

Bourré de références cinématographiques -qui vont des premiers Godard au Rohmer, cinéaste des jeunes femmes en fleur, en passant par la comédie américaine- cet opus d’Hubert Viel ne peut que surprendre par sa fraicheur et sa liberté de ton. D’autant plus qu’il sait mélanger de telles influences à un univers plus personnel où la trivialité du réel le dispute à un vrai penchant pour la poésie et l’humour.

Dans ce style poétique et burlesque, cet amoureux de Jacques Tati a glissé beaucoup d’éléments que l’on sent autobiographique, notamment avec ce décor de Normandie et de la région de Caen, où a vécu ce descendant d’une famille d’éleveurs ARTEMIS_5avant de prendre ses distances avec l’univers familial. Il raconte : « La ville de Caen est ma ville natale et d’ailleurs l’actrice qui interprète Artemis a vraiment été étudiante dans cette faculté. Tourner à Caen m’a aussi permis de faire venir des amis sur le tournage et de loger chez ma grand-mère ! » Un aspect autobiographique encore renforcé par la présence du cinéaste dans le rôle d’un narrateur étrange qui semble parfois à côté de son histoire.

S’inspirant de L’Hymne à Artémis, de Callimaque comme des Métamorphoses d’Ovide, Hubert Viel nous invite à suivre ces deux jeunes femmes aux caractères diamétralement opposées dans un road movie étrange, loufoque. Où l’on passe d’un univers mythologique à l’univers aseptisé et froid d’une centrale nucléaire. Si le récit se perd parfois un peu, il y a quelques belles séquences comme celle où Artemis et Kalie se retrouvent aux prises avec des policiers zélés sur une plage où elles pratiquent le camping sauvage entre deux bouffées de joint avant que des surprenants éclairs ne viennent chasser les intrus…

ARTEMIS_1Ce qui ne peut laisser indifférent dans cette histoire, c’est l’utilisation du noir et blanc qui confère un charme certain à cette réalisation. Hubert Viel souligne : « Le noir et blanc s’est imposé dès le départ. Je savais que j’allais mêler plusieurs styles de mise en scène, des séquences tournées de manière documentaire, d’autres, inversement, où régnait le merveilleux et d’autres encore où je faisais apparaître un narrateur en mode Nouvelle Vague. Je savais que pour cet assemblage, cela nécessitait un support qui fasse le liant de tout cela. Et le super 8 est tombé à pic. C’est un support pas très cher, une image qui parle d’elle-même, peu importe ce qu’on filme, il permet d’homogénéiser l’ensemble. Et paradoxalement, un support tellement fragile et capricieux qu’il peut se passer n’importe quoi à l’image : des poils, des voiles, des flous, certains objets filmés apparaissent fantomatiques. »

Un ton original qui change des canons de la comédie française classique. Déroutant, pas banal mais qui le mérite de ne point laisser indifférent.

Artémis coeur d’artichaut Bande-annonce par toutlecine

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