UN TRAVAIL DE MEMOIRE…

VMN_1NE M’OUBLIE PAS, de David Sieveking – 1h28

Documentaire

Sortie : mercredi 25 septembre 2013

Je vote : 3 sur 5

L’histoire ?

Septuagénaires paisibles vivant non loin de Hambourg, Gretel et Malte ont vécu les années soixante de manière très engagée – au point d’être fichés et surveillés par les autorités suisses, à l’époque où Malte enseignait à l’université. Couple indépendant, ils s’autorisaient par ailleurs ouvertement des aventures extraconjugales tout en menant une vie de famille ordinaire et unie, forte de trois enfants ! Jusqu’au jour où, le soir du réveillon de Noël, Gretel sert en guise de repas une simple soupe et oublie les cadeaux… David, le benjamin, décide alors de faire un film pour faire durer les souvenirs le plus longtemps possible…

2 raisons de découvrir ce film ?

Pour être franc, aller voir un film qui décrit les ravages de la maladie d’Alzheimer a de quoi faire hésiter le spectateur. La force du travail de David Stevering est d’avoir, à travers le portrait de ses parents, de leur combat quotidien pour retarder l’échéance de la maladie, signé un hymne à la vie. Pour cet habitué du documentaire, le déclic fut assez « évident » : « Lorsque mon père s’est retrouve avec cette tâche  titanesque d’avoir à prendre soin de ma mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, j’ai voulu aider. D’où la conséquence logique : si je fais un film de l’histoire de ma mère, alors j’aurais assez de temps et d’énergie pour m’en occuper. Ceci bien entendu sous la condition expresse que ma famille soit d’accord et que cette expérience s’avère positive pour mes parents. Et en l’occurrence, nous nous sommes aperçus que, du fait du tournage, ma mère redoublait d’énergie et que mon père se prêtait plus volontiers aux tâches quotidiennes. » Loin d’un simple journal de la maladie, et sans aucun apitoiement ou images racoleuses, son film témoigne d’une belle relation amoureuse. Et évoque aussi la découverte que fait le cinéaste des relations libres que vécurent ses parents. Il ajoute: « J’ai trouvé fascinant la façon dont ma mère gardait toute sa sensibilité dans la maladie. La maladie avait aussi libéré quelque chose en elle, elle montrait des sentiments qu’elle gardait pour elle auparavant. » Pour le cinéaste, cet exercice sur la mémoire lui permet aussi au fil d’un tournage qui s’est étalé sur le temps de prendre de l’assurance, parfois même un peu de recul.

Vergiss Mein Nicht

C’est aussi l’occasion d’évoquer les engagements politiques d’un couple militant et libertaire dont les engagements ont conduit les autorités suisses à surveiller Greta, considérée comme militante socialiste-marxiste. Rencontrant des anciens camarades de lutte de sa mère, dont l’un fut un de ses amants, il reconstitue ainsi, à travers des photos intimes et des images d’archives toute une époque. De même, il revient sur les engagements féministes de sa mère et de ses amies dans une séquence très belle où Greta retrouve ses compagnes d’alors autour d’une tasse de thé et de friandises.

C’est ce mélange qui fait toute la force et la grâce d’un opus qui ne peut qu’émouvoir, toucher au sens noble du terme. Avec une bande originale dont la simplicité et la limpidité accompagne fort justement le propos et ce d’autant plus que la musique a toujours compté dans la vie de Greta, disparue en février 2012.

INFO

Le film est disponible en vidéo à la demande payante (5,99 euros) sur Orange comme sur le site du film du 18 au 24 septembre : http://www.nemoubliepas-lefilm.com. 1 euro par téléchargement sera reversé à France Alzheimer en direction de la formation des aidants.

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