LE VRAI VISAGE DE LIBERACE

ap_ht_liberace_douglas_sparkle_kb_130524_wmainSi Michael Douglas marque les écrans par son interprétation du pianiste américain dans Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh (en salles le 18 septembre), qui fut vraiment  Liberace ? Retour sur un mythe.

Pour Michael Douglas, le nouvel opus de Soderbergh est une vraie renaissance. D’abord parce que le cinéaste a attendu le comédien qui luttait contre la maladie. Ensuite parce qu’il y fait une composition sortant de l’ordinaire du pianiste quinqua et showman en vogue à Las Vegas dans les années 70. Enfin parce que le cinéaste a annoncé que ce serait son dernier film, sorti aux Etats-Unis uniquement à la télévision sur la célèbre HBO où il a fait une audience record pour une production de la chaîne, avec 2,4 millions de téléspectateurs ! Une preuve de plus de la frilosité des studios d’Hollywood qui ont boudé un tel projet. Michael Douglas décrit ainsi cet artiste roi du kitsch : « Il a été le premier à s’adresser directement à la caméra. Personne n’avait jamais fait ça avant. Liberace était un homme délicieux, tous ceux qui l’ont connu me l’ont dit quand j’ai fait mes recherches. Et cette gentillesses passait à travers l’écran. Donc, jamais personne ne se posait la question de savoir s’il était gay ou pas. Il était adulé pour faire savoir partager l’amour du piano et de la musique à ses admirateurs. » Mais qui fut le vrai Liberace qui fut si médiatisé entre les années 50 et 70 ?

Son seul rival ? Sinatra

Au milieu des années 50, il n’avait qu’un rival sur le Strip de Las Vegas : Frank Sinatra qui se produisait au « Sands », un hôtel-casino des plus chics. Contacté par Bugsy Siegel, une figure de la mafia pour se produire au « Flamingo », Liberace s’est fait construire son théâtre au cœur du « Riviera » devenant l’artiste le mieux payé d’une ville qui flambait à tout vent. Ce « Casanova du piano » jouait, selon le Livre des records, « six mille notes en deux minutes. » L’homme avait le sens du spectacle. Liberace venait  de sa maison grandiose dans sa Rolls Phantom qui roulait en coulisses pour le déposer directement sur la scène, ses costumes étaient flamboyants.

Rêvant de passer à la postérité, Liberace avait acheté près de son palais de Shirley Temple dans les années 1970 un pâté de maisons pour y édifier un restaurant, une galerie de boutiques, un musée. Faisant de sa vie un spectacle permanent, Liberace rêvait de construire même tout un parc d’attractions. Après les premiers passages d’Elvis Presley à Las Vegas où le King ne rencontre pas le public, c’est Liberace qui lui en donnera les clés, devenant même son conseiller en style : la conversion d’Elvis aux paillettes lui doit beaucoup. Et que dire aujourd’hui du parcours d’un Elton John qui lui doit beaucoup et ne manque pas de lui rendre hommage…

C’est ce prince du kitsch dont Soderbergh ne retrace qu’une partie de la vie en s’étant inspiré de la biographie de Scott Throson, amant, chauffeur et homme à tout faire de l’artiste dans les années 70 ( campé par un étonnant Matt Damon). Le film est centré sur leur union passionnée avant que Liberace ne se sépare séchement de son amant quelques années avant de disparaître, emporté par le sida. « Ce qui m’a plu, dans le livre, c’est que les discussions qui y sont rapportées sont de celles que peuvent avoir tous les couples. Ce qui est moins banal, c’est le cadre dans lequel ces discussions avaient lieu », précise le metteur en scène.

Liberace ou un pionnier dans l’art de la démesure…dont le succès du film pourrait peut-être provoquer la récouverture de son musée de Las Vegas. Un artiste dont Michael Douglas dit encore : « Ce type était vraiment larger than life. L’incarner m’a procuré un plaisir fou… »

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