L’ŒIL DU CYCLONE, de Fred Schepisi – 1h59
Avec Charlotte Rampling, Geoffrey Rusj, Judy Davis
Sortie : mercredi 18 septembre 2013
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Alors qu’Elizabeth Hunter (Charlotte Rampling) fait un accident vasculaire cérébral, son fils et sa fille accourent de l’autre côté de la terre à son chevet, ranimant les anciennes frictions et rancœurs de la famille. Admettre leur propre personnalité et leur place vis‐à‐vis des autres est une lutte permanente, tout comme réussir à trouver la paix dans leur vie ‐ cet œil du cyclone.
Et alors ?
Dans ce personnage de mère tour à tour aimante et abusive, Charlotte Rampling fait une composition magistrale dans cette adaptation du roman éponyme de Patrick White, disparu en 1990 et, à ce jour, seul auteur australien à avoir reçu un prix Noble de la littérature (en 1973). Aussi juste en séductrice de l’amant de sa fille quand vieille dame frappée par la maladie, elle porte l’histoire de son indéniable charisme, un jeu de regard qui en dit long sur les dérives intérieures de son personnage. Elle dit : « C’est un de ces personnages irrésistibles car on pense qu’elle est complètement horrible, alors qu’en fait, elle est complètement fascinante. J’aime les monstres. J’ai accepté de l’incarner parce que je l’aimais. C’est une femme extraordinaire. Bien sûr, elle est sans merci dans beaucoup de domaines, totalement politiquement et psychologiquement incorrecte. Mais c’est une personne fascinante. »
Ses deux partenaires sont au diapason et Geoffrey Rush campe avec une aisance surprenante ce fils qui vit en permanence en représentation, muré dans son égoïsme et sa lâcheté tandis que Judy Davis parvient parfaitement à exprimer la nervosité et les névroses de cette riche héritière en mal d’amour et de reconnaissance.
Utilisant à merveille les décors et l’opposition entre une maison qui ressemble à un théâtre et la nature qui peut tour à tour offrir un havre de paix ou devenir d’une rare violence, Fred Schepisi décrit ici à merveille la famille comme le lieu de toutes les luttes, de toutes les tensions avec ce mélange étroit d’amour et de haine. Le cinéaste souligne : « C’est un livre difficile. L’un des personnages est acteur professionnel, les autres ne le sont pas, mais selon Patrick White, tout le monde est acteur et joue différents rôles à divers moments de sa vie. La difficulté principale était donc de transposer cette idée, de faire passer cette image et cette thématique du théâtre. Nous avons utilisé des miroirs et ce genre de choses pour le suggérer, sans en faire trop pour autant. Il faut laisser les spectateurs deviner cet aspect par eux‐mêmes. »
Avec des séquences maritimes d’une grande beauté, le cinéaste signe une adaptation solide du roman initial. Et livre une histoire dont la portée devient universelle… même si la mise en scène manque d’audace et reste très classique.

