ALABAMA MONROE, de Félix Van Groeningen – 1h52
avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattrysse
Sortie : mercredi 28 août 2013
Je vote : 4 sur 5
L’histoire ?
Didier et Élise vivent une histoire d’amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle… qui tombe un jour gravement malade. Mais l’histoire de ces deux amoureux fous qui tentent de survivre se joue de tous les pièges du genre.
Et alors ?
Il y a quelque chose de La Guerre est déclarée dans ce récit sur l’amour, la maladie de l’enfant, et le traumatisme du deuil. Mais dans une version bluegrass. Grand prix du public à Berlin, ce mélo musical de l’auteur de La Merditude des choses pouvait tomber dans le pathos le plus dégoulinant de bons sentiments. Felix Van Groeningen raconte comment son film a été inspiré, après un long temps d’adaptation de la pièce de Johan Heldenbergh qui joue ici un des deux rôles principaux : « Mon film est une adaptation de la pièce de théâtre de Johan Heldenbergh. Johan est un ami, il a déjà joué dans deux de mes films (La Merditude des choses et Steve+Sky. J’ai été bouleversé par sa pièce. L’imbrication de l’histoire d’amour, de la musique Bluegrass et du thème (l’opposition entre la religion et la raison) m’a complètement subjugué. Johan s’intéresse beaucoup au cinéma, il était enthousiaste à l’idée de l’adaptation. Il était également d’accord pour ne pas collaborer à l’écriture du scénario. J’ai donc commencé à adapter la pièce avec le scénariste, Carl Joos. Mais nous avons dû nous y reprendre à deux fois avant de pouvoir démêler cette histoire assez complexe. »
En mêlant les époques, ce qui donne un tempo du film, par l’introduction de la musique bluegrass superbe qui évite bien des pages de dialogues ou des gros plans trop lourds de symboles (durant la cérémonie d’enterrement par exemple), le réalisateur parvient à transcender une histoire qui aurait pu virer dans le noir absolu pour signer un hymne à la vie émouvant. Notes du réalisateur : « On a essayé de placer les chansons dans l’histoire de façon à ce qu’elles servent au mieux l’intensité dramatique. Parfois, une chanson est purement narrative et aide à raconter l’histoire, parfois, elle sert d’ellipse. À certains moments, on a utilisé une chanson spécifique pour étayer les émotions. »
Ce qui donne aussi toute son attraction à cette histoire qui sort du lot, c’est enfin le jeu des comédiens. Musiciens professionnels ou non, ils jouent parfaitement leur partition. Avec son look de bucheron canadien façon Neil Young jeune, Johan Heldenbergh est particulièrement bon dans le personnage du saltimbanque qui refuse de se perdre dans des croyances fumeuses et veut assumer à sa façon -violente parfois- ce douloureux travail de deuil. Quant à Veerle Baetens, dont le corps est couvert de tatouages, métier oblige, elle campe avec la grâce d’une danseuse cette mère au bout du rouleau et qui se réfugie dans un univers mystique pour tenter de survivre.
Belle histoire d’amour, ce drame réussit à garder un équilibre parfait jusqu’à son terme et à nous émouvoir de bout en bout.

