ELIO GERMANO FACE AUX FANTÔMES

21015057_20130625104406515MAGNIFICA PRESENZA, de Ferzan Özpetek – 1h46

Avec Elio Germano, Paola Minaccioni, Beppe Fiorello, Margherita Buy, Vittoria Puccini

Sortie : mercredi 31 juillet 2013

Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

 Pietro rêve d’être acteur ! Abandonnant sa Sicile natale, il s’installe à Rome dans une maison pleine de charme et d’inattendu et travaille comme pâtissier suivant la tradition familiale ! Il ne pouvait s’imaginer la présence d’individus plutôt envahissants qui ne semblent pas prêts à quitter la vieille maison… et lui font vivre d’étranges moments.
 
Et alors ?
D’origine turque, Ferzan Özpetek s’est installé en Italie en 1976 où il a étudié le cinéma avant de débuter sa carrière comme réalisateur et de marquer le grand écran d’histoires qui sortent de l’ordinaire : de Tableau de famille à Le premier qui l’a dit, qui fit un carton en 2010. Il ne déroge pas ici à la règle en imaginant une histoire qui est en permanence entre réalité et fantastique. Car, si d’autres personnages entendent des bruits et des voix dans cette maison, Pietro est bien le seul à voir de ses propres yeux les habitants qui la « hantent » en douceur. Car le cinéaste a des idées bien à lui sur la vie et la permanence des êtres comme il le reconnaît volontiers : « C’est aussi un film qui m’autorise à travailler et développer certaines idées que j’ai sur une vie sans fin. J’ai ces idées depuis un moment : dans « Hamam, le bain turc », alors que Alessandro Gassman est mourant, on peut voir une ombre sur la statuette; dans « La Fenêtre d’en face », Massimo Girotti regarde des gens danser avec les morts; dans « Cuore Sacro », il y a la fille mourante, et l’héroïne la voyant de nouveau à la maison; « Le premier qui l’a dit » se termine sur les morts et les vivants dansant ensemble. C »est une sorte de fixette, une de mes obsessions. »
21015055_20130625104328638Avec Elio Germano, il trouve l’acteur capable de porter un regard sans peur sur la réalité a priori étrange et dérangeante qui l’entoure. Un être dont la naïveté se moque des peurs habituelles. Confidences du cinéaste : « Grâce à son étonnement, le personnage de Pietro à l’air d’avoir de plus grands yeux.« De son côté Elio Germano souligne : « Pietro est du genre sensible et tous ceux qu’il rencontre ont tendance à profiter de lui. Il y a un mécanisme narratif dans lequel il se trouve tel Pinocchio parmi des personnages singuliers qui cherchent en lui une solution à leurs affaires personnelles et ainsi, à travers sa solitude et son aliénation, il décrit une société qui n’accepte que certaines catégories pré approuvées de personnes dans laquelle il est difficile de s’intégrer. »
 
Promenant le spectateur dans ce monde étrange où les ombres semblent bienveillantes, Özpetek embarque son monde dans un récit où la tension dramatique est sans cesse tempérée par de l’humour, notamment avec le personnage de la cousine ou la présence des propriétaires du bar branché, situé à proximité de cette bien étrange demeure.
Pour autant, l’essai du cinéaste n’est pas convaincant de bout en bout et l’histoire connaît une baisse de régime avant le dénouement final qui lui donne une vraie portée politique et humaine. Faire de Pietro un homosexuel -en sous entendant qu’il a ainsi une sensibilité plus grande- peut paraître un brin caricaturale, même si, par ses origines siciliennes, son orientation sexuelle n’est pas anodine non plus. Enfin, on aurait aime que le cinéaste développe un peu plus des personnages secondaires -la cousine ou les serveuses du bar- ce qui aurait donné ce « plus » dans le scénario et aurait dynamisé l’ensemble.
Au final, une histoire originale mais qui manque parfois de ressort.

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