PORTRAIT D’UNE JEUNE FILLE MODERNE

21002559_20130430183128931JULIETTE, de Pierre Godeau – 1h21

Avec Astrid Bergès-Frisbey, Féodor Atkine, Elodie Bouchez, Manu Payet

Sortie : mercredi 17 juillet 2013

Mon avis : 3 sur 5

Quezako ?

A 25 ans, Juliette est à l’âge de tous les rêves, l’âge des amants… Issue d’une génération qui préfère rire pour ne pas pleurer, elle va devoir grandir.

Et alors ?

Ayant toujours baigné dans le cinéma par sa famille, Pierre Godeau a suivi les conseils d’un ami de la famille, le cinéaste Jaco Van Dormael qui lui disait de voir le plus de films possible pour étoffer sa culture cinématographique. Pour son premier passage derrière une caméra, il a choisi de suivre le parcours sentimental et émotif de Juliette, une jeune fille qui tente de trouver un sens à sa vie, alors que son père -le remarquable Féodor Atkine- vit ses derniers jours à l’hôpital et que sa mère (Elodie Bouchez) a pris des distances avec elle.

En partant d’un canevas d’une vingtaine de pages, il a peaufiné son scénario avec Saskia de Rotchschild. « Elle avait un peu plus d’expérience en matière d’écriture… et de féminité. » Au final, par petites touches, son histoire raconte le lent passage à l’âge adulte d’une jeune fille libre mais pas vraiment encore sortie de l’adolescence et qui flotte en attendant de trouver sa voie. « Sa vie est très remplie, mais remplie… de rien »,  souligne Pierre Godeau Capture d’écran 2013-06-02 à 22.10.15qui dit s’être beaucoup inspiré d’un milieu qui connaît, le sien. Et d’ajouter : « Mes copains français enchaînent les stages jusqu’à l’âge de 30 ans. Ils n’ont pas de statut. Ils ont quitté la rive de l’adolescence -et regardent l’autre, celle où, demain, il faudra vivre- mais ils restent infantilisés. »

Sur le plan sentimental, cette incertitude s’exprime par des amours passagers, des rencontres d’un soir qui meublent sa solitude. Au détour d’une séquence, cette errance amoureuse ménage quelques moments non dépourvus d’humour comme celle où elle débarque chez son vieux copain Oscar, en pleine nuit, pour dormir alors qu’il aimerait bien passer à l’acte. Un passage qui nous ménage une scène drôle très réussie avec Manu Payet. Malgré quelques lenteurs, Pierre Godeau sait jouer sur plusieurs registres et le prouve aussi dans la scène finale où le deuil est évoquée par une séquence en forme de ballet muet.

Ce que l’on remarque dans cette histoire en forme de portrait d’une certaine couche sociale -ce qui en fait ses limites- c’est la prestation de l’actrice principale, le jeune Astrid Bergès-Frisbey. On l’avait repérée dans La Fille du puisatier ou encore dans Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence où elle jouait Syrena. Elle surprend ici par la sûreté de son jeu et une vraie présence. L’actrice souligne : « A la lecture du scénario, je me demandais comment un jeune homme avait pu réussir à décrire une jeune fille avec autant de précision et de sensibilité. L’histoire sensorielle de Juliette évitait tout cliché. Elle dégageait quelque chose de très profond. Le rapport du personnage à l’enfance, à l’écriture, à l’imaginaire me touchait. J’aimais qu’à travers cette Juliette, on fasse une peinture des jeunes d’aujourd’hui... » Avec beaucoup de grâce et de finesse, la comédienne incarne les interrogations d’une jeune bourgeoise de son temps qui se confronte à tous les milieux sans se trahir. Jouant dans presque toutes les scènes, elle signe ici une composition solide.

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