L’AUTRE VIE DE RICHARD KEMP, de Germinal Alvarez – 1h42
Avec Jean-Hugues Anglade, Mélanie Thierry
Sortie : mercredi 5 juin 2013
Je vote : 3 sur 5
Bientôt à la retraite, l’inspecteur Richard Kemp, en enquêtant sur un meurtre, se retrouve de nouveau face à une affaire qu’il n’a pu résoudre vingt ans plus tôt et la traque d’un tueur surnommé « Perce-oreille ». Soudain, il est « renvoyé » dans le temps : revenant dans le passé, il va tenter de modifier sa propose histoire… Au risque de s’y perdre à nouveau ?
Pour ce premier film, Germinal Alvarez fait un pari audacieux en tricotant une histoire qui se jouer des époques, des souvenirs… Dans cette uchronie, il se joue des climats en apportant un soin tout particulier au moindre détail vestimentaire, au moindre décor, ce qui facilite pour le spectateur cette plongée dans le passé qui a tout pour dérouter. Avec, en prime, la volonté de Kemp de modifier le cours d’un passé si douloureux pour lui. « C’est ce sujet personnel qui a déterminé le choix du polar, un genre qui crée de l’urgence et de la tension dramatique : il me fallait un espace-temps assez restreint où un élément peut faire basculer la vie d’un homme » note le réalisateur.
Manifestement, Germinal Alvarez a voulu donner à ce polar un côté intemporel, et il use avec beaucoup d’habileté des paysages de l’Atlantique dominés par toutes les variétés de bleu après avoir posé sa caméra dans deux endroits pas vraiment identifiables : un quartier bordelais d’une modernité aseptisée et la base sous-marine de La Pallice, aux portes de la Rochelle, pour certaines séquences d’action assez spectaculaires. Explications : « Mon principal modèle pour imaginer cette ville a été les villes contemporaines japonaises, en particulier Osaka. Enfant, dans les années 80, j’ai souvent accompagné mon père, producteur de danse contemporaine, dans ses tournées au Japon dont la culture m’a vite fasciné. »
Au cœur du polar, il y a le chassé-croisé des deux personnages campés par Jean-Hugues Anglade et Mélanie Thierry qui parviennent à tenir leur partition jusqu’au bout malgré un tournage compliqué où rien n’était tourné dans l’ordre et où les contraintes du maquillage déterminaient le plan de travail. Pour Anglade, la composition est assez étonnante et le comédien parvient parfaitement à être crédible à deux âges de l’inspecteur : un pas un peu plus lourd, une voix différente… Germinal Albarez ajoute : « Cela m’amusait aussi de projeter dans les années 80, celui qui en avait été l’un des symboles, l’acteur de « 37°3 le matin », de « Nikita » ou de « L’Homme blesssé ».
Un homme cette fois blessé par le poids du souvenir…



