FATIH AKIN : SON COUP DE GUEULE CONTRE LA POLLUTION

polluting paradise%2f %a9 coraz%97n international%2f Kerstin StelterPOLLUTING PARADISE, de Fatih Akin – 1h28

Documentaire

Sortie : mercredi 29 mai 2013

Je vote : 3 sur 5

Le thème ?

Alors qu’il tourne la scène finale de son film De l’autre côté dans le village natal de ses grands-parents au nord-est de la Turquie, Fatik Akin entend parler, en 2006, d’une catastrophe écologique qui menace le village de Çamburnu : un projet de décharge construit dans un mépris total de l’environnement et contre lequel luttent maire et habitants pour essayer de sauver leur mode de vie, au plus près de la nature. Une vie traditionnelle qui est régie par la pêche et la culture du thé. Le cinéaste décide de mettre sa caméra au service de cette lutte.

Les plus

Au départ,  Fatih Akin avait un but : « Au début, il y avait une idée naïve : je menace de faire un film et mobilise partout dans le monde la presse et les médias afin d’arrêter la construction. Nous avons filmé et filmé alors que la construction de la décharge continuait et cela m’a obligé à continuer aussi. C’était le point dangereux du projet : j’ai commencé à tourner sans savoir où cela me mènerait. La décharge a été construite et cela aurait pu être la fin du film. Ce serait alors devenu une tragédie sur un village qui a tenté sans succès d’empêcher la construction d’une décharge. J’ai donc continué toutes ces années sans connaître le résultat final. « Polluting Paradise » n’était pas conçu au départ comme un documentaire de longue durée. » Finalement, son travail a pris plusieurs années et, pour nourrir son documentaire, il a même confié une caméra au photographe du village : « J’ai demandé à Bünyamin de filmer leur vie quotidienne et de faire leur portrait. Il nous a envoyé ses bandes – au cours des six années cela a représenté de nombreuses heures – que j’ai regardées et parmi lesquelles j’ai fait des sélections ».

Trabzon-Mu¦êll-006Durant ces années de tournage, Fatih Akin décrit bien le courage des habitants, l’attitude frileuse de bien des politiques locaux, le mépris pour l’environnement des promoteurs de la décharge. Il parvient ainsi à montrer le courage civique de ses habitants qui ne sont pas vraiment armés contre ces patrons industriels. « C’est l’espoir qui meurt en dernier, dit-il . Aujourd’hui, grâce à facebook et à twitter, les citoyens peuvent se mettre en réseau plus facilement et se défendre plus efficacement. On le voit aussi dans le mouvement « Occupons Wall Street ». Quelque chose est en train de changer globalement dans la conscience des hommes. »  Ce doc lui permet aussi de faire un portrait vivant et attachant de cette population rurale où les femmes travaillent dur dans les plantations de thé, et se chargent des travaux les plus pénibles.

Les moins

Peut-être par la durée du tournage et la masse de documents engrangés, le réalisateur de Soul Kitchen n’évite pas toujours les séquences redondantes qui alourdissent son propos et donnent moins de relief à ce coup de gueule. Visuellement aussi, malgré quelques plans saisissants, son film est parfois victime d’une facture classique, d’une manière de tourner qui est plutôt l’apanage de la télévision. Ce sont les limites d’un exercice civique qui le mérite de donner un coup de projecteur sur les combats de ces habitants oubliés de la Turquie en montrant au quotidien les ravages d’une pollution tristement banale…

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