SYMPATHY FOR DELICIOUS, de Mark Ruffalo – 1h37
Abec Christopher Thornton, Mark Ruffa, Juliette Lewis, Laura Linney et Orlando Bloom
Sortie : mercredi 8 mai 2013
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
DJ prometteur devenu paraplégique après un accident de moto, Dean est réduit à vivre dans sa voiture dans Skid Row, le quartier des clochards de Los Angeles. Après avoir participé à une cérémonie religieuse en espérant se soigner par la foi, il découvre qu’il a le pouvoir surnaturel de guérir les gens ! Ironie du sort, il ne peut pas s’en servir pour lui-même. Dean devient alors le héros de la mission locale dirigée par le Père Joe Roselli (Mark Ruffalo) qui voit dans ce don un cadeau de Dieu et le moyen de financer ses œuvres. Malgré ses avertissements, Dean, de plus en plus aigri, décide d’utiliser son pouvoir pour en tirer gloire et profit en rejoignant un groupe de rock dont il va devenir le phénomène de foire. Mais cette notoriété soudaine peine à soulager la douleur générale qui hante sa vie…
2 raisons d’aller voir ce film ?
Un long combat de Mark Ruffalo. Son vieux copain des cours d’art dramatique ayant été victime d’un accident le laissant paralysé, Mark Ruffalo fut de ceux qui le poussèrent à continuer dans la voix artistique. Christopher Thornton a donc imaginé ce scénario. Il n’imaginait pas la suite et les dix années qu’il lui faudrait pour convaincre les producteurs de mettre de l’argent dans un tel film avec un acteur inconnu et handicapé. Et qui plus est en tournant au centre de Los Angeles, un quartier que Mark Ruffalo connaît bien. Confidences : « J’y ai habité une bonne partie de ma jeunesse. Je savais donc à quel point ça pouvait être beau, désolé, triste et brutal. Ce quartier a une beauté brute et une longue tradition de l’itinérance. »
En suivant Dean dans ses pérégrinations dans la ville, de boîtes minables en motel un brin déglingué ou à la soupe populaire, Ruffalo donne à voir l’envers d’une grande ville, ces laissés-pour-compte qui sont prêts à suivre n’importe quel prêcheur, un quelconque charlatan du christianisme. Dans cette quête désespérée de la célébrité, Dean est prêt à tout pour réussir comme bien des apprentis acteurs qui rêvent à Hollywood et se fracassent souvent sur le mur de la réalité. Il ajoute : « Le film sort à un moment où les Américains souffrent, mais je pense que les épreuves difficiles
nous font évoluer. Les gens cherchent à donner un sens à l’inexplicable, ce qui est exactement le moment où la foi entre en jeu. » Si, comme dans bien des premiers films, le réalisateur a voulu mettre beaucoup -trop ?-de choses, si la mise en scène dérape parfois -l’abus de travelling tremblé ou une dernière partie qui tourne un brin en rond après la sortie de Dean de prison, Ruffalo signe un premier opus original sur une histoire forte et sensible. Et sait créer un univers original.
Un casting du tonnerre. Ruffalo s’avère être un bon directeur d’acteurs. Il y a d’abord Christopher Thornton qui donne une grande épaisseur au personnage de Dean, et peut tour à tour passer pour un saint ou un salaud. Mark Ruffalo campe, de son côté, un prêtre pas si altruiste que ça et qui n’hésite pas à se servir de ce don pour faire de l’argent pour ses œuvres. On se demande s’il n’y a pas un cynisme certain à tant exploiter la crédulité. Quant à Laura Linney, en productrice et vraie garce, elle sort de son registre habituel et surprend notamment quand elle tente de vamper le prêtre pour le convaincre de témoigner.
Bref, l’acteur devenu réalisateur réussit l’épreuve du feu et on attend de voir la suite… En tout cas, il a l’originalité pour durer.
