L’ORCHIDOCLASTE, Rudy Ricciotti vu par Laetitia Masson – 52 minutes
Documentaire
Diffusion sur TV5 Monde, samedi 27 avril, 18h30
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Avec ce portrait du créateur du MuCEM, de Marseille, la cinéaste s’est laissée embarquée dans le sillage d’un créateur pas facile à cerner.
Rudy Ricciotti, c’est un architecte de la liberté. A 60 piges, on sent que ce créateur peut être sinon un vrai orchidoclaste -en français courant casse couilles- du moins un empêcheur de penser en rond. «Je suis libre d’être couillon, d’être imprudent et ne suis pas courtisan » déclarait-il récemment. Pour Laetitia Masson, cinéaste originale s’il en est (on se souvient de A vendre et Repentie notamment), cet architecte virevoltant -il
a du Higelin dans la dégaine et du Cali dans le débit- semble bien difficile à conduire, à cerner. Elle a donc pris le parti de faire un aller-retour constant entre l’homme et le travail et le résume d’une formule : « Comment capturer l’homme pour comprendre l’œuvre. Comment capturer l’œuvre pour comprendre l’homme ? »
Elle en dit long sur la difficulté à parvenir à ses fins dans ce portrait où Ricciotti brouille les pistes tout en se confiant. Au détour d’un plan, il lance même, tout sourire, à la réalisatrice : «Pour le liant du film, tu ne crois pas qu’il faudrait qu’on couche ensemble ?. » Mais l’homme est ainsi fait qu’il se joue des autres à grand torrent de mots, qu’il vous séduit de cette franchise qui, chez d’autres, pourrait passer même pour de la vulgarité. Lui le fait avec un tel aplomb que cela passe.
Au fil du documentaire, on mesure à quel point Rudy est attaché à cette Méditerranée qu’il n’a jamais quittée -des paysages sauvages de la Camargue aux hauteurs de Cassis où il vit aujourd’hui. Un bassin où cet amateur de tauromachie sait que la camarde est présente quand il évoque « l’odeur de mort de la culture méditerranéenne »…
Un personnage haut en couleurs qui rend hommage à ce père pauvre -de manœuvre il devint maître d’œuvre en bâtiment- qu’il suivait en liberté sur les échafaudages. Un créateur qui ne cesse de se battre pour préserver la survie des métiers entourant son univers. Un monsieur que l’on aurait bien vu brûler les planches s’il n’avait pas eu ce destin de bâtisseur…
