UN PARFUM DE WESTERN

DERRIERE LA COLLINE, de Emin Alper – 1h34

Avec Tamer Levent, Reha Ozcan, Mehmet Orgür

Sortie : mercredi 10 avril 2013

Je vote : 3  sur 5

Quezako ?

Au pied de collines rocheuses d’Anatolie, Faik mène une vie de fermier solitaire avec son métayer et sa femme. Quand arrivent de la ville son deuxième fils et ses petits-enfants, il les met en garde contre les nomades qui traversent la région. Tandis que se poursuivent les vacances, une menace rôde,  invisible…

bth05Et alors ?

Il y a une atmosphère de western anatolien dans ce récit d’une menace invisible au cœur d’un paysage splendide et austère : cette gorge qui ressemble à un paradis perdu. Emin Alper ne renie pas ces influences : « Je n’y ai pas du tout pensé au moment du scénario mais l’univers du western a bel et bien été une référence permanente sur le tournage. Cela nous a sauté aux yeux dès que nous nous sommes retrouvés au cœur de ces montagnes. Il suffit de remplacer les nomades du film par des Indiens et vous vous retrouvez au cœur d’un western américain. »

bth08Et, comme dans le western moderne, il n’y a ni héros, ni saint mais des personnages qui se débattent avec leur peur, leur médiocrité, leurs rêves. A cet égard, le personnage du pater familias – si bien campé par Tamer Levent- est très symbolique de l’atmosphère de cette histoire en forme d’allégorie. Cet homme vieux mais solide sent qu’il ne peut ressouder son clan qu’en utilisant des bouc-émissaires, et qu’en jouant sur cette peur diffuse. Le cinéaste dit : « Ne résonner qu’en blanc et noir vous éloigne à la fois de la vérité humaine et d’un discours pertinent. Il faut donc essayer de bâtir des personnages les plus complexes et ambigus possible, certains se révélant diaboliques lorsqu’ils tentent de faire le bien ou inversement. »

A cet égard, le propos prend une dimension plus universelle et renvoie à bien des situations politiques actuelles où l’on s’invente une communauté idéale en stigmatisant un ennemi beyond_the_hill_hd_24fps_1venu d’ailleurs et que l’on ne connaît pas. Le mot de conclusion au cinéaste : « Je voulais dépeindre à travers ce film ce réflexe qu’ont tant de pays à se créer, puis à stigmatiser des ennemis qui font peur. Il n’y a pas qu’en Turquie qu’on cherche des bouc-émissaires, pour souder une communauté à travers cette peur de « l’autre », de l’étranger. La société occidentale a, en suivant cette logique, donné au terrorisme l’image du Musulman, en le pointant comme barbare et consolidé par cet artifice sa supériorité culturelle. »

Laisser un commentaire