DES ABEILLES ET DES HOMMES, de Markus Imhoof – 1h28
Documentaire
Sortie : mercredi 20 février 2013
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. D’une violence et d’une ampleur phénoménale, l’épidémie est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible. Arrivée sur terre 60 millions d’années avant l’homme, l’abeille à miel est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes.
Et alors ?
Pour tourner ce documentaire troublant sur la disparition des abeilles, Markus Imhoof a fait plusieurs fois le tour du monde pour aller filmer dans des lieux aussi différents que l’Autriche, la Chine, les Etats-Unis dans des exploitations petites ou très étendues. « Mon intention était de permettre au spectateur de saisir le drame qui se joue à la fois à travers des images très sensorielles et des histoires bien réelles de « minuscules » abeilles, sans oublier le contexte bien plus vaste et oppressant : la pression causée par une pyramide économique mondiale en continuité croissante. »
Dans une mise en scène assez spectaculaire – on a l’impression de pénétrer à l’intérieur d’une ruche au plus près des abeilles- il décrit comment le monde moderne et l’homme mettent à mal cet équilibre fragile et essentiel à l’espèce humaine. Et illustre ainsi le propos prêté à Einstein qui aurait, il y a soixante ans, insisté sur la relation de dépendance entre l’abeille et l’homme en disant : « Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. »
Mais il filme aussi ceux qui, à travers le monde, vivent de l’activité des abeilles et sont souvent émus par leur sort. A les entendre s’inquiéter du sort de ces animaux, on mesure à quel point la menace sur cet univers est à prendre au sérieux: de l’Américain John Miller, Fred Jaggi, fidèle à la tradition ou encore Heidrun et Liane Singer (ci-contre), une famille d’apiculteurs depuis trois générations. Le cinéaste souligne : « Nous avons essayé de prendre le temps d’apprendre à les connaître et à les comprendre : nous nous sommes approchés de chacun d’eux avec un mélange de tendresse et de colère. » Un pari audacieux mais pleinement réussi.
