LES CHEVAUX DE DIEU, de Nabil Ayouch – 1h55
Avec Abdelhakim Rachid
Sortie : mercredi 20 février 2013
Je vote : 3 sur 5
Yachine, 10 ans, vit avec sa famille dans le bidonville de Sidi Moumen à Casablanca. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l’armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, 13 ans, qui est le petit caïd du quartier et joue le protecteur de Yachine. Un jour, Hamid se retrouve en prison et Yachine enchaîne alors les petits boulots pour sortir de ce marasme. À sa sortie , Hamid a changé. Devenu islamiste radical pendant son incarcération il persuade Yachine et ses amis de rejoindre leurs“frères”. L’imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Jusqu’au jour où il leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyr.
Et alors ?
L’originalité du film, c’est de montrer un autre visage du Maroc que celui des dépliants touristiques. De fait, il s’inspire de façon assez directe des attentats survenus à Casablanca le 16 mai 2003, et provoquèrent 41 morts. Nabil Ayouch souligne : « Ça a été un traumatisme énorme au Maroc, parce qu’on s’attendait à ce que ces actes soient l’oeuvre de terroristes entraînés, venus d’Afghanistan ou d’Irak, et pas que leurs auteurs soient des gamins de bidonvilles ». L’intelligence du scénario c’est de décrire le parcours de ces candidats au suicide depuis leur enfance en nous décrivant une face moins connue du Maroc où la misère le dispute à la corruption, où l’obscurantisme, la traque des homosexuels sont monnaie courante.
Si le film n’évite pas certaines longueurs, surtout dans la dernière partie qui précède l’attentat, si la séquence du restaurant semble un brin invraisemblable avec les kamikaze évoluant dans un restaurant chic sans être vraiment remarqués, cette histoire est courageuse et forte. Elle est aussi servie par des comédiens dont la plupart ne sont pas des « pros » et qui sont souvent originaires du même bidonville que les auteurs du vrai attentat.
Au fait, pourquoi ce titre ? il renvoie à une expression ancienne, dont la formule complète est « Volez, chevaux de Dieux » : cela évoque des légendes arabes et une formule prononcée par les premiers musulmans qui se retrouvaient aux côtés du prophète Mohammed. Mais, de nos jours, elle prend une autre signification comme le note le cinéaste : « Elle a été reprise au fil des siècles, que ça soit dans des discours, des chants ou des poèmes incitant à la guerre sainte. On la retrouve dans la propagande actuelle d’Al Qaida notamment dans le célèbre communiqué de l’organisation au lendemain du 11 septembre. »
