FAMILLE JE TE HAIS-ME…

DES MORCEAUX DE MOI, de Nolwenn Lemesle – 1h30

Avec Zabou Breitman, Tchéky Karyo, Adèle Exarchopoulos

Sortie : mercredi 13 février 2013

Je vote : 3 sur 5

DESMORCEAUXDEMOI_4Quezako ?

Un père déjà vieux avant l’âge, une mère malade et autoritaire, une sœur disparue il y a quatre ans …  Erell, la petite dernière, une adolescente rebelle, qui filme tout, tout le temps… pour oublier que sa vie est si morne. Dans cette banlieue ouvrière du Nord, on tue le temps comme on peut. Erell traîne donc avec ses potes, Gabin, Javier et Le Majeur. Une nuit, sa soeur Sarah réapparaît avec son compagnon.  Un choc pour une famille où les tensions sont à fleur de peau.

 

2 raisons d’aller voir ce premier film ?

Découvrir le portrait attachant, et parfois dur, d’une famille confrontée à ses névroses. Pour ce zDESMORCEAUXDEMOI_2premier film, Nolwenn Leroy évoque un thème assez classique – le récit d’adolescence- mais s’en tire, malgré certaines redites, le côté très écrit parfois des dialogues- par un regard original. Celui d’Erell, symbolisé par cette caméra vidéo qui s’incruste dans l’image et se trouve au cœur de l’économie du récit sans tomber dans le gadget en vogue. Nolwenn Leroy raconte : « Erell filme tout. Tout le temps. Parce qu’elle n’a pas le choix et que filmer est pour elle une nécessité pour exister. C’est elle qui donne le ton, parfois insolente, insoumise, mais aussi tendre et drôle. » Avant d’ajouter : « Le traitement à travers deux supports (film et vidéo) s’est imposé aussitôt dans l’écriture. Ces fragments en vidéo qui s’emboîtent dans le film me semblaient le moyen le plus riche pour recréer le puzzle de la vie. « 

zzDESMORCEAUXDEMOI_caravaneSuivre des comédiens bien dans leur partition. Campant cette mère fragile et parfois très autoritaire, Zabou Breitman fait une belle composition de névrosée, pouvant passer d’un état presque comateux à des éclairs de violence. Face à elle, Tchéky Karyo campe ce père vieux avant l’heure, lunaire, et dont l’univers ne dépasse pas sa maison et l’usine du coin où il bosse. Un homme qui ne veut pas (ou ne peut pas) mettre un nom sur les fissures de la famille. Quant à Adèle Exarchopoulos (repérée déjà dans La Rafle), elle est parfaite dans ce rôle d’ado rebelle, qui traîne avec des mecs et ne se rend même pas compte de sa féminité.

Malgré certains maladresses -le personnage du beau-frère et de la sœur aurait pu être plus creusé-  ce film offre une petite musique -au propre et au figuré originale- qui suscite la curiosité. Mot de la fin à la cinéaste : » Le travail sonore s’est fait dans une quête de sensibilité. Je suis très réceptive à la foule de petits sons de la vie qu’on ne remarque pas, mais qui plongent dans une atmosphère, qui crée des sensations inconscientes et de la poésie. » Une tranche de vie familiale cruelle mais juste.

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