HITCHCOCK, de Sacha Gervasi – 1h38
Avec Anthony Hopkins, Hellen Mirren, Scarlett Johansson, Toni Collette, Danny Huston, Jessica Biel
Sortie : mercredi 6 février 2013
Je vote : 3 sur 5
Le pitch ?
1960. Alfred Hitchcock est au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet différent, et donc risqué, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Autour de lui, producteurs, censure, amis, veulent le dissuader de passer à l’acte. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, son épouse et collaboratrice la plus proche, le soutient au risque de tout perdre. Ensemble, ils se battent pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : Psychose.
Et alors ?
Pas son atmosphère lourde entre policier et épouvante, par son succès public dès sa sortie, Psychose reste un des films les plus célèbres d’Hitchcock. De quoi inspirer un cinéaste qui a démarré sa carrière comme journaliste avant de devenir scénariste. Avec un grand luxe dans le détail, il a reconstitué l’atmosphère d’un tournage hollywoodien sous haute surveillance. La costumière Julie Weiss a notamment fait un boulot de romain pour retrouver un climat et un look. Elle dit : C’était une époque où la tenue vestimentaire et la représentation étaient fondamentales, il fallait donc un degré très élevé de recherche dans les finitions des costumes. » De séquences en séquences, le réalisateur met ses pas dans ceux d’un cinéaste boulimique aux prises avec les producteurs, les soucis d’argent et qui doit les oublier pour mener à bien le pari fou de ce film.
Pour camper Hitchcock, il a fait appel à Anthony Hopkins qui s’est glissé avec un brio certain -et l’aide de prothèses de silicone et capillaires, sans oublier des lentilles- dans le costume très large du cinéaste. Mais sans parvenir pour autant à secouer le rythme d’un film qui ronronne un peu autour de thèmes assez connus de la vie de sir Alfred : son obsession des blondes, son incapacité à suivre un régime…Il échappe pourtant un moment à ce costume un brin empesé quand, en coulisses du cinéma où le film passe en avant-première, il signe un étonnant numéro de chef d’orchestre dirigeant les réactions de la salle au son de la bande originale.
Même si Scarlett Johansson met tout son talent pour camper Janet Leigh, récrée avec une vraie force la célèbre séquence de la douche, le plus étonnant dans le film, c’est Helen Mirren qui joue la dévouée Alma qui a sans doute sacrifié sa vie à un mari autoritaire et jaloux. C’est ce qui fait tout l’originalité de ce récit qui décrit bien Hitchcock dans sa vie privée. Notes de Sacha Gervasi : « Dans l’histoire, on fait connaissance avec une femme qui se sent un peu sous-estimée par son mari. L’obsession compulsive d’Hitchcock à vouloir faire son film contre vents et marées le rend égoïste. Au fil du récit, Alfred prend conscience de la chance qu’il a d’avoir rencontré Alma : elle est pour lui la partenaire idéale, celle qui le comprend le mieux et sur laquelle il peut compter, même s’il reste un homme abrupt et peu sentimental. À mon sens c’est ce qui rend leur histoire d’amour si puissante. Je pense qu’il nous est arrivé à tous de nous réveiller un jour en nous disant ‘Bon sang, cette personne m’a épaulé malgré mes bêtises et mon égocentrisme. J’ai été complètement aveugle ! “
Plus que les rêves en forme de cauchemar un brin empesé du cinéaste qui sont censés montrer les affres de la création, c’est ce zoom sur la vie d’un couple pas vraiment ordinaire qui fait tout le sel de cette reconstitution. Mot de conclusion d’ Helen Mirren, : « Je crois vraiment qu’à leur drôle de manière, Alma et Hitchcock avaient tissé une relation incroyablement complice dans la vie, et ils auraient pu nous renseigner la recette d’un mariage réussi. L’une des clés de leur union est un sens de l’humour inébranlable. »
