LINCOLN, de Steven Spielberg – 2h29
Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Stratham, James Spader, Tommy Lee Jones
Sortie : mercredi 30 janvier 2013
Je vote : 4 sur 5
L’histoire ?
Dans une nation déchirée par la guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln monte au créneau pour résoudre ce conflit, unifier le pays et abolir l’esclavage. Ce film raconte les derniers mois tumultueux du mandat du 16ème président des Etats-Unis dont les choix décisifs et le courage politique ont bouleversé le destin des futures générations.
Pourquoi courir voir ce film ?
Steven Spielberg a mis dix ans à mettre au point le scénario et trouver les clés de la vie de Lincoln avec le scénariste Tony Kushner qui fut déjà à son côté pour Munich. Pour le réalisateur, Lincoln est un objet de curiosité depuis des années : « J’ai toujours voulu raconter une histoire à propos de Lincoln. C’est l’une ds figures les plus fascinantes de l’Histoire et il occupe une grande place dans ma vie. Je devais avoir 4 ou 5 ans quand j’ai vu le Lincoln Memorial pour la première fois ! J’ai d’abord été effrayé par la taille de la statue sur ce fauteuil, mais à mesure que j’approchais, j’étais de plus en plus captivé par son visage. Je n’oublierai jamais cet instant, cela m’a poussé à m’interroger sur cet homme qui me surplombait ainsi dans ce fauteuil. » Le joli travail du cinéaste, c’est d’avoir fait descendre l’homme du piédestal, de nous montrer aussi Lincoln dans sa vie quotidienne, confrontée à une épouse dévastée par la mort de leur jeune fils, ou souffrant du désir de son autre fils de partir à la guerre qu’il sait sanglante. Un personnage qui sait aussi faire de l’humour et aime à raconter « des histoires ». Bref, un héros plus complexe et humain que l’image figée pour l’éternité.
La description des derniers mois si déterminants pour l’Amérique ce Président courage permet à Spielbgerg de signer quelques moments de mise en scène qui ne manque pas de souffle. Aussi bien sur les champs de bataille en forme de boucherie – un simple plan sur des soldats en train de vider les membres amputés dans une fosse en dit plus long d’un long discours- que lors des longs affrontements verbaux au Congrès où se joue le destin du pays.
Pour incarner un tel mythe, il fallait un acteur hors du commun. Spielberg a fait une bonne pioche avec Daniel Day-Lewis qui est un président plus vrai que nature avec sa silhouette maigre et voutée et qui semble porter tous le poids du monde. Le comédien a avoué qu’il ne connaissait que les grandes lignes du parcours de ce héros américain : « C’est à travers le scénario que j’ai commencé à apprendre à le connaître. Tony en brosse un portrait très riche à travers son intellect, son humour et sa mélancolie, tant d’un point de vue personnel qu’en tant que président. Le contraste entre ces deux aspects a nourri mon approche du personnage. » Une fois encore, Day-Lewis, en route pour l’Oscar avec ce rôle, est bluffant. Ayant joué Lincoln par le passé, son partenaire de distribution Hal Holbrook souligne : « L’observer construire son personnage avait un sens particulier pour moi. J’ai beaucoup aimé l’observer, scruter son visage. Il possède non seulement un immense talent, mais également le cœur nécessaire pour incarner le rôle. »
Le reste de la distribution est à la hauteur de l’entreprise. Sally Fields campe avec finesse l’épouse fragile et autoritaire du Président. Pour jouer un des proches collaborateurs de Lincoln, William Henry Seward, Spielberg a choisi un autre grand du
ciné américain, David Stratham que l’on avait particulièrement remarqué dans Good night and good luck, de George Clooney. Il raconte : « Il est fascinant de pouvoir observer la vie intérieure de Lincoln à ce moment précis de l’Histoire. Je trouve que Steven et Rony dévoilent l’âme et le cœur du personnage et l’on assiste à la rencontre complexe d’une grande personnalité avec une grande cause. On voit également ce que cela coûte à Lincoln, les terribles doutes qu’il doit affronter en se demandant si la fin justifie les
moyens. » Enfin, parmi les nombreux acteurs à remarquer, il y a Tommy Lee Jones (ci-contre) qui campe le député Thaddeus Stevens, un fervent abolitionniste de manière absolument extraordinaire. Avec sa trogne pas possible et sa manière de parler et de marcher, l’acteur fait, une fois encore, une composition qui sort de l’ordinaire.
En nous faisant revivre les quatre derniers mois du président Lincoln, Steven Spielberg signe une nouvelle page forte du cinéma américain en décrivant l’Histoire avec un vrai sens de la dramaturgie et du suspense.
