QUAND LA FAMILLE SE FISSURE

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UN WEEK-END DE FAMILLE, de Hans-Christian Schmid – 1h28

Avec Lars Eidinger, Corinna Harfouch, Sebastian Zimmler, Ernst Stötzner

Sortie : mercredi 30 janvier 2013

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Marko, la trentaine, écrivain, vit à Berlin et ne rend que rarement visite à sa famille installée dans la banlieue bourgeoise de Bonn. Venu passé un week-end chez eux avec son fils, pour l’instant séparé de sa compagne,  il retrouve Günter, son père éditeur, Jakob, son jeune frère dentiste resté auprès de ses parents, et Gitte, sa mère psychologiquement fragile depuis des années. A la surprise de tous, Gitte annonce qu’elle a arrêté le  traitement thérapeutique qu’elle prenait depuis trente ans. Une annonce qui bouleverse l’équilibre familial…

Et alors ?

Temps moderne oblige, ce nouveau film du duo Bernd Lange (scénariste) et Hans-Christian Schmid aborde un nouveau moment des relations familiales : celui où l’adulte doit, à la fois, gérer sa vie privée, s’occuper de ses enfants mais aussi prendre soin de ses parents. Et donc se trouver confronté à la mort mais aussi à la maladie. Avec Gitte, il ne s’agit pas d’une « longue » maladie mais d’un mal plus sournois, et qui gangrène la vie de la famille depuis des lustres : une déprime chronique et profonde. Avec une grâce infinie, Corinna Harfouch incarne cette mère dont la dépression devient le catalyseur de l’histoire et sert de révélateur à toutes les névroses familiales.

PHOTO_un we en famille_3C’est donc aussi le portrait de deux trentenaires qui sont fragilisés dans leur vie et que la fêlure maternelle ne fait que déstabiliser un peu plus. Bernd Lange souligne : « L’idée que l’argent fait le bonheur est liée au passé. Il était plus facile de gagner sa vie dans les années soixante et d’acquérir de fait, plus de confiance en soi. Dans cette histoire, Marko et Jakob trouvent difficile de succéder à leur père. Même si Marko a publié un livre, il a du mal à concilier sa vie d’écrivain et sa vie de mari et de père. Jakob essaye sans succès de suivre les traces de son père pour pouvoir rester aux côtés de sa mère. »

Hans-Christian Schmid ajoute : « Nous avons failli ne pas révéler la maladie de Gitte mais ce n’était pas cohérent. Le film traite moins de la souffrance d’une PHOTO_un we en famille_5maniaco-dépressive que de la manière dont les femmes subissent les conséquences de ce type de relations, la sensation de vivre leur vie à moitié, encore amplifiée par le départ des enfants. »

Dans ce jeu cruel des relations familiales, les acteurs font un sans faute. Avec au cœur de l’histoire ce moment pathétique ou cruel où la petite famille reprend en allemand le tube d’Aznavour, Tu t’laisses aller. Un air qui symbolise comment, derrière le décor ripoliné de ces bourgeois bien installés, les fissures sont nombreuses. Une histoire dérangeante et finement interprétée qui a des résonances universelles.

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