Pour son premier long métrage, After, sur les écrans le 30 janvier, Géraldine Maillet raconte une surprenante histoire d’amour le temps d’une nuit dans Paris. Et dirige un beau duo formé par Julie Gayet et Raphäel Personnaz.
Ancienne mannequin, Géraldine Maillet a décidé d’opter pour l’écriture en 1999. Depuis, elle a publié quelques dix romans plus ou moins autobiographiques. Dans Et il ferait quoi Tarantino à ma place ?, elle revenait sur le parcours du combattant pour monter un premier film
après deux court métrages. A l’origine, le film portait un autre titre, Et tu danses ! Finalement, c’est devenu After, tout simplement parce qu’au montage, elle s’est aperçue que « le film que j’avais tourné n’était pas le même que celui du scénario… » After, c’est l’histoire d’une rencontre soudaine de nuit dans Paris entre deux personnes qui se ressemblent guère. Elle souligne : » Il s’agit d’une nuit blanche entre un homme et une femme où il y a toujours une quête de l’un ou de l’autre pour rester un peu plus longtemps ensemble, il y a l’expression d’un désir… Cela ressemble à une longue insomnie lorsqu’on se demande ce qu’on fera après. After… » Au fil des séquences, elle tente de capter le moment où l’un comme l’autre se demandent s’il va y aller ou non ? S’il s’agira d’une déflagration dans sa vie ou d’une parenthèse ? Au point même que l’on peut, au final, se demander s’il s’agit de la réalité ou d’un rêve éveillé… . La réalisatrice poursuit : « Je voulais tourner une histoire qui me semble correspondre plus à mon temps et à mes problématiques de femme de 40 ans, un âge où l’on fait le bilan pour la suite. J’ai le sentiment que nous sommes, pour le couple, à une époque empêchée. Du coup, soit il n’y a que le passage à l’acte, soit, on est dans la montée du désir sans l’achèvement. Mais avoir les deux ensemble, c’est rare. Ce qui m’intéressait, c’est que cet homme et cette femme traversent la nuit sans coucher ensemble. On sent le désir irrépressible mais, en même temps, ces deux êtres sont cadenassés, gênés par leur vie, leur chemin, leurs peurs. » Un peu comme si, inconsciemment, elle avait tourné le négatif du très intrigant film de Frédéric Fonteyne, Une liaison pornographique.
Pour donner vie à cette rencontre, Géraldine Maillet n’a jamais pensé qu’à Julie Gayet à laquelle elle confie un de ses plus rôles, loin de l’image de la blonde glacée à la Hitchcock. « C’est à des années-lumière de ce qu’elle est dans la vie : quelqu’un de solaire, sexy… moderne. Mais elle a aussi un côté plus fragile, un peu rock. » Face à la caméra bienveillante de la réalisatrice, Julie Gayet n’a pas hésité à se dévoiler jusqu’au bout de la nuit, laissant l’objectif capter les moindres émotions de son visage, les moindres traces de fatigue. La comédienne dit : » Je me suis beaucoup lâchée. Je savais que le regard de Géraldine était bienveillant. J’étais donc comme dans du coton et je savais que je pouvais oser tout car Géraldine serait toujours juste dans sa vision de moi. Il y a avait donc un abandon total quand je dansais par exemple au Rex Club. »
Après avoir galéré pour trouver « son » homme, Géraldine Maillet a eu une illumination en découvrant à Cannes le duc d’Anjou de La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier. Quand j’ai vu ce duc d’Anjou, je me suis dis « Mon Dieu, c’est lui ! ». Je cherchais un acteur trentenaire avec une électricité : il l’avait aussi bien dans le timbre de sa voix que dans le corps. » Entre Géraldine et Raphaël, la discussion a vite porté sur un acteur de référence pour Personnaz : Patrick Dewaere. Il racont : « Dès la lecture du scénario, j’ai pensé à lui. Dans « Coup de tête », par exemple, Dewaere joue François Perrin, un écorché vif, qui n’a rien à perdre. Il est accusé d’un viol et pourtant, quand il revient blanchi dans la ville, il le fait avec du panache. Comme le sont souvent les personnages de Dewaere, Guillaume est un homme bipolaire avec une humeur fantasque et triste. Il n’a pas vraiment une analyse objective sur lui. Sa vie n’est pas
tellement réussie ; sentimentalement, ce n’est pas terrible non plus. C’est pour ça que la séquence où il rejoue le match pour gagner un Roland-Garros imaginaire est importante : il se rêvait champion et il entraîne des anonymes. »
Avant de débuter le tournage, Géraldine Maillet n’avait imposé qu’une règle : » Ma seule règle était qu’ils ne se voient pas avant le début du tournage. Je voulais qu’ils se rencontrent, qu’ils se reniflent uniquement devant ma caméra pour capter un trouble, une émotion vraie. Ils ne devaient pas s’apprivoiser auparavant. Je voulais qu’on soit en immersion dans une rencontre. »
Même si certains plans de Paris la nuit sont parfois un brin redondants, cette émotion reste le fil directeur d’une nuit pas comme les autres.
