LA PARADE, de Srdjan Dragojevic – 1h56
Avec Nikolo Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic, Goran Jevtic
Sortie : mercredi 16 janvier 2013
Je vote : 3 sur 5
Voulant sauver son pitbull chéri qui a pris une balle et contenter sa fiancée, un brin hystérique, Lemon, parrain d’un gang de Belgrade, se voit contraint d’assurer la sécurité de la première Gay Pride de Servie. Pour l’aider dans cette étrange mission, il part rechercher d’anciens mercenaires de l’ex-Yougoslavie. Un autre combat pour unir des différences et surmonter un racisme certain…
Et alors ?
Sur le ton de la comédie, pas toujours légère, légère, Srdjan Dragojevic signe, sous le ton de la comédie, une fable sur la tolérance. Tout est parti d’une tentative pour organiser la première Gay Pride de l’histoire de la Serbie en 2001, qui s’est terminée dans la sang quand des hooligans et des militants nazis ont attaqué la manif sous l’œil d’une police passive. Commentaires du cinéaste : « Les images de cette raclée sauvage ont fait le tour du monde et fait voler en éclats l’espoir de la jeune
démocratie serbe, et l’Union Européenne a retiré 50 millions d’euros d’aide financière à la Servie. Une décennie plus tard, rien n’a changé dans ce domaine. Au contraire, avec un « coup de pouce » de l’Eglise orthodoxe, un vaste spectre de politiciens quasi-démocrates, le désespoir de masse et la frustration venue de cette transition brutale et sauvage, les choses n’ont jamais été aussi graves sur le front des droits de l’homme et notamment les droits des personnes homosexuelles. » Le cinéaste s’est aussi souvenu du regard que portait les gens sur lui quand il évoluait dans un groupe punk, new wave, TV Moroni.
Cette errance sur les routes yougoslaves est aussi l’occasion de décrire un pays qui se remet doucement des guerres récentes mais où le racisme entre les ethnies perdure. Rien que le glossaire du début du film qui traduit les principaux termes chauvinistes d’ex-Yougoslavie vaut le détour. Avec, au final, le mot « Pede » et cette définition : « Terme péjoratif pour désigner un homosexuel. Employé par tout le monde ! » Comme si l’ultime réaction raciste touchait les gens qui vivent une sexualité différente. Alors, même si certaines séquences peuvent sembler énorme, les répliques taillées à la serpe, il y a une belle vitalité dans ce road movie porté par une galerie de portrait qui n’est pas à piquer des hannetons. Mais, il est sûr qu’un tel film a plus de quoi faire réagir un public serbe que le français même si cette leçon de tolérance a une portée assez universelle, surtout quand le message est dilué dans un registre humoristique. Détonnant et un brin rabelaisien.

