LA VIEILLE DAME EN COLERE

UNE ESTONIENNE À PARIS, de Ilmar Raag – 1h34

Avec Jeanne Moreau, Laine Mägi, Patrick Pineau

Sortie : mercredi 26 décembre 2012

Mon avis : 3 sur 5

Quezako ?

Quittant l’Estonie pour venir à Paris s’occuper de Frida, vieille dame estonienne installée en France depuis des lustres, Anne tombe de haut. Dès  son arrivée, elle est face à l’hostilité de Frida qui tente par tous les moyens de la décourager. Pour Frida, rien d’autre ne compte que l’attention de Stéphane, son jeune amant d’autrefois. Anne résiste. Au point de faire changer cette dame si indigne ?

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Et alors ?

Construit de manière assez classique, ce film attire l’attention par l’histoire qui fait se rencontrer plusieurs thèmes  : choc de deux cultures -car Frida a presque tiré un trait sur son passé pour des raisons que l’on découvre en cours de route- solitude de la vieillesse et hymne à la vie et à l’amour…

Pour nourrir son scénario, Illmar Raag s’est inspiré du parcours de sa propre mère, qui, divorcée à la cinquantaine, est venue à Paris pour s’occuper d’une dame riche. De là, est né cette histoire conçue pour Jeanne Moreau qui campe dans Frida une femme qui, malgré les atteintes de l’âge, veut toujours exister dans le regard de l’autre, sentir le désir… Quitte à devenir hautaine, tyrannique,  et tout faire pour plier les autres à ses désirs. Jeanne Moreau déclare : « La violence de mon personnage vis‐à‐vis d’Anne est moins dirigée contre elle que contre ce qu’elle représente : une image d’elle‐même des décennies plus tôt, et surtout le fait qu’elle soit envoyée par son ex‐amant ‐ cet homme qu’elle a tant aimé et dont elle craint qu’il ne lui rende moins visite du fait de la présence d’Anne. Elle avait accepté qu’ils aient cessé toute relation sexuelle, à condition qu’il vienne régulièrement la voir mais elle ne peut pas supporter l’idée de s’en séparer définitivement. » C’est cette densité des relations psychologiques qui est un des atouts de ce film.

Face à Jeanne Moreau, Laine Mägi joue avec une grande finesse ce personnage d’accompagnatrice qui pourrait être, in fine, la fille que Frida n’a jamais pu ou voulu avoir. « Grâce à Frida, je découvre l’amour désespéré, la jalousie violente, le goût du suicide, une générosité qui se réveille tout d’un coup, la recherche d’une descendance… Car il y a ça aussi : elle n’a pas eu d’enfant, elle aurait voulu en donner un à Stéphane. Et il lui donne cette fille sur un plateau, sans qu’elle s’en rende compte« , souligne Jeanne Moreau. Face à cette figure du cinéma, Laine Mägi se sort très bien de sa partition, joue cette jeune femme effacée et volontaire qui parvient finalement à se faire accepter sans plier aux caprices de sa patronne. Et lorsqu’elle se promène dans les rues de Paris, son visage s’illumine à la découverte de la ville des lumières, et elle parvient alors à exprimer toute une autre palette de sentiments quand une certaine joie de vivre reprend le dessus sur la mélancolie.

Un film pas révolutionnaire dans la forme mais très juste  sur les relations humaines, le temps qui passe, l’éternel jeu de la séduction.

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