MAIN DANS LA MAIN, de Valérie Donzelli – 1h25
avec Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm, Valérie Donzelli, Béatrice de Staël
Sortie : mercredi 19 décembre 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier et Joachim est modeste employé d’un miroitier de province. Soudain, une force étrange les unit. Sans qu’ils en comprennent les raisons, ils ne peuvent plus alors se séparer. Pour eux, commencent des jours assez étranges.
Et alors ?
Après le très remarqué La guerre est déclarée, Valérie Donzelli aborde d’autres rives, même si la maladie fait une apparition au détour d’un scénario co-signé avec Jérémie Elkaïm et Gilles Marchand. Il y est question de rencontre amoureuse mais aussi de fusion, cette alchimie d’un moment que l’on a du mal ensuite à expliquer. Justement, la cinéaste souligne : « J’ai un frère qui est né le même jour que moi, à deux ans d’écart. Du coup, on fêtait nos anniversaires en même temps… Je ne sais pas si c’est dû à ça mais je suis très fusionnelle dans la vie, l’autre est presque une extension de moi-même. C’est parfois difficile à vivre car derrière ces rapports fusionnels se cache la peur de l’abandon. Bref, je trouvais rigolo de traiter de cette expérience de « couple » fusionnelle. Le cinéma peut permettre de concrétiser des choses encombrantes dans la vie, pour s’en amuser et peut-être mieux les supporter. »
Pour habiter ce récit sur l’apparente légèreté de la vie, dont la danse est une métaphore, Valérie Donzelli a fait le bon choix en faisant appel à Valérie Lemercier, tout à fait à l’aise dans l’habit de cette prof de danse, autoritaire et cassante. Elle raconte : « Ça me plaisait beaucoup que le
film se passe dans le milieu de la danse. J’aime beaucoup cet univers, aller voir des ballets… Je me souviens d’avoir montré à Valérie « L’Age heureux », que je regardais quand j’étais petite mais qu’elle ne connaissait pas parce qu’elle est plus jeune que moi. Je n’ai jamais été danseuse mais comme toutes les petites filles à l’époque, j’avais envie d’être petit rat de l’opéra quand je regardais ce feuilleton. J’ai eu une éducation assez stricte, la discipline de la danse me parle et depuis que je suis adulte, je prends des cours de barre au sol, j’ai tous les disques Arion de la collection « La Danse par le disque », qui servent à accompagner les exercices de barre au sol. » Elle est bien accompagné par Jérémie Elkaïm qui campe un personnage qui se promène dans la vie sans s’encombrer, ni d’objets, ni de conventions.
Avec un style qui mêle les émotions et le rire, Valérie Donzelli prouve, une fois encore, qu’elle a du style. Valérie Lemercier souligne : « En général, les metteurs en scène veulent que les acteurs pleurent. Valérie, elle, veut qu’on soit sincère mais pas pour autant qu’on mette nos tripes sur la table. Elle n’a pas envie qu’on s’écroule en larmes, elle veut de la tenue, préfère qu’on joue à pleurer, avec notre petit mouchoir. » Cette façon de concevoir la vie et de filmer peut dérouter le spectateur qui a parfois le sentiment d’être largué dans l’histoire de ce couple insolite. Pour autant, l’originalité du propos, des situations et des dialogues a de quoi susciter la curiosité…


